OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Des films sous perfusions numériques http://owni.fr/2011/08/28/des-films-sous-perfusions-numeriques/ http://owni.fr/2011/08/28/des-films-sous-perfusions-numeriques/#comments Sun, 28 Aug 2011 13:30:12 +0000 Romain Saillet http://owni.fr/?p=76820 Depuis 2009, le ventes de Digital Versatil Disc (DVD) chutent, laissant une place grandissante à la vidéo à la demande (VOD) et au Blu-Ray. Lequel permet une capacité de stockage supérieure et ainsi l’arrivée de la haute définition (HD) dans les foyers.

En France,  au premier trimestre 2011, selon le Syndicat de l’édition vidéo numérique (SEVN), les ventes de Blu-Ray progressent de plus de 20 %, avec un chiffre d’affaires de 44,5 millions d’euros, alors que le marché du DVD perd 9,9 % de son chiffre d’affaires de 276,5 millions d’euros. Le Blu-Ray séduit et ses coûts baissent : il devient alors le légitime remplaçant du DVD pour les distributeurs.

L’année 2011 ne répond pourtant pas à toutes leurs attentes. Malgré les bons résultats des ventes de Blu-Ray, elles ne représentent que 13,7 % du chiffre d’affaires des ventes de supports physiques. Cette trop faible proportion ne permet alors pas de combler les pertes engendrées par la chute des ventes de DVD : le marché des supports physiques perd plus de 6 % en volume, soit 321 millions d’euros, et presque 5 % en valeur, soit 32 millions d’unités vendues.
Aux États-Unis, cette tendance se confirme aussi, même si une étude menée par le groupe NPD [en] nous apprend que les supports physiques conservent outre-Atlantique une grande popularité. Près de 77 % des sondés auraient regardé un programme via un support physique dans les trois derniers mois, alors que seulement 21 % auraient visionné un film en VOD.

Déclin des supports matériels malgré l’arrivée de la 3D

Source: Digital Home Révolution

Pourtant, et de manière générale, cette situation semble évoluer en faveur des supports dématérialisés : le DVD a perdu cette année près de 9 % de son chiffre d’affaires.

Avec l’arrivée des téléviseurs 3D dans les foyers, 2011 devait pourtant marquer un rebond significatif pour les supports physiques. Les constructeurs de télévision prévoient 20 % de téléviseurs 3D vendus pour la fin de l’année 2011, alors que seulement 2 %, soit 200 000 se sont écoulés en 2010 selon CNet France. Au vu des ventes de ces six premiers mois, cet objectif semble cependant difficile à atteindre malgré une diffusion de cette technologie à toutes les tailles de téléviseurs. Les ventes devraient toutefois mécaniquement augmenter.

Alors que le marché de la 3D devait apporter un souffle nouveau pour le marché des films, l’année 2011 ne semble pas répondre entièrement aux objectifs fixés. Sony a d’ailleurs décidé de changer la stratégie de production de ses téléviseurs. Après avoir vendu trois usines, et changé le responsable de la division téléviseurs, le constructeur japonais souhaite stopper la baisse consécutive de son chiffre d’affaires sur ses téléviseurs depuis maintenant huit ans. De nouveaux moyens de distribution de films et séries semblent pourtant apporter des réponses encourageantes aux pertes engendrées par les supports physiques : les supports dématérialisés.

TF1, Fox, HBO : les chaînes misent sur les supports dématérialisés

En Europe, de nombreux distributeurs ont rapidement cru en cette technologie, avec plus de 300 opérateurs recensés en 2011 contre 10 en 2003, en confrontation directe avec le téléchargement légal. Une fois dépassée la barrière de l’achat en ligne par les utilisateurs, la VOD a vite séduit un grand nombre d’internautes. Un large choix de programmes sans se déplacer de chez soi, l’offre plaît et enregistre même une croissance régulière.

En France, selon le Figaro, le marché de la VOD devrait se chiffrer à près de 200 millions d’euros, soit plus de 14 % du marché des supports physiques. TF1 a d’ailleurs saisi cette opportunité pour annoncer une véritable stratégie de développement de sa plateforme dématérialisée TF1Vision.

Aux États-Unis aussi les chaînes souhaitent offrir à leurs téléspectateurs une offre dématérialisée riche. La Fox a récemment mis en place une stratégie multi support permettant aux acheteurs d’un Blu-Ray de retrouver leur programme sur leur téléphone Android, grâce à un code d’accès.

De son coté, HBO vient d’annoncer que l’intégralité des séries qu’elle diffuse sera disponible sur la plateforme iTunes en HD [en], soit avec une qualité d’image proche du Blu-Ray, en contrepartie d’une majoration du coût d’un dollars par épisode. Cette opération permet à la fois à la HBO de bénéficier des abonnés d’iTunes et à la plateforme d’Apple d’enrichir son catalogue.

L’hégémonie d’Apple menacée par un Netflix à la française ?

Apple jouit aujourd’hui d’une hégémonie absolue sur le marché de la VOD sur le net, avec sa plateforme iTunes. Près de 95 % des VOD sur le net en France y sont réalisées, et près de 20 % des locations à la fin de l’année 2010. Et la marque à la pomme ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin. Des rumeurs persistantes prédisent qu’Apple pourrait rapidement proposer la location et la vente de films en 1080p, soit de la HD+ en concurrence direct avec le Blu-Ray. Le renouvellement de l’AppleTV prévu à l’automne 2011 devrait nous en apprendre plus sur la stratégie opérée par la société sur ce secteur.

Malgré cette domination, une nouvelle offre importée des États-Unis devrait voir le jour prochainement en Europe : la sVOD, un service de VOD avec un payement forfaitaire. Netflix l’américain et le français Canal Plus pourraient lancer leurs offres dès l’automne 2011, selon les Échos. Avec un tarif de 10 euros par mois, cette offre pourrait bouleverser le marché de la VOD.

Cependant, en Europe et plus particulièrement en France, la chronologie des médias, régie par une directive européenne, pourrait empêcher une telle offre de se propager. Dans une interview, le patron de Vidéo Futur Rémi Tereszkiewicz affirme même qu’une « offre de purement sVod est impossible en France ». Sa société propose en effet à ses abonnées une offre « combinée » à l’image de celle de Netflix : recevoir le DVD ou Blu-Ray du film commandé, ou alors le visionner directement en VOD pour 2,99 euros.

En effet, dans le cadre d’une vente à l’acte, quatre mois sont nécessaires après la sortie des films dans les salles pour pouvoir les proposer en DVD et VoD. Légalement, cette fenêtre d’exploitation passe de 4 à 36 mois lorsque le programme est intégré dans un forfait, comme la sVoD. Ainsi, les offres de sVoD pourraient être privées des nouveautés, remettant en cause le bénéfice réel pour le consommateur.

À l’inverse, aux États-Unis, cette fenêtre d’exploitation est extrêmement courte avec une durée de seulement 90 jours. La Warner souhaite même raccourcir cette durée à 60 jours. On comprend alors mieux l’intérêt d’une telle offre dans ce cadre législatif.

La VOD et son coût à l’acte pourrait donc avoir encore de belles années devant elle. Des réponses sur l’avenir du marché devraient être apportées dès l’ouverture de l’IFA, le deuxième salon mondial de l’électroménager, des médias numériques et de l’électronique, qui se tiendra du 2 au 7 septembre 2011 à Berlin.


Billet initialement publié sur Ina Global la revue des industries créatives et des médias, sous le titre “La fin des supports physiques audiovisuels est-elle programmée ?”

Illustrations Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification pen3ya

Tableaux : The Digital Entertainment Group (pdf), The Hollywood Reporter, Haute Définition, Wikipédia, La chronologie des médias, Wikipedia.

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Y a-t-il (déjà) overdose de 3D ? http://owni.fr/2010/09/10/y-a-t-il-deja-overdose-de-3d/ http://owni.fr/2010/09/10/y-a-t-il-deja-overdose-de-3d/#comments Fri, 10 Sep 2010 10:12:26 +0000 Capucine Cousin http://owni.fr/?p=27743 Les films en 3D seraient-ils déjà condamnés ? Ou plutôt, n’y aurait-il pas overdose de productions de films exploitant ce nouveau format ? On en parle plus que jamais, à tel point qu’il commence à envahir les écrans télé, potentiellement les joujoux high-tech qui pourraient cartonner en ces fêtes de fin d’année. En tous cas c’est ce qu’espèrent les constructeurs, qui se démènent pour imposer leurs tous jeunes écrans télés 3D, les stars de la dernière édition de l’IFA, le salon de l’électronique de Berlin, qui fermait ses portes mercredi. Comme j’en parle longuement dans cette enquête parue dans Mediapart (en accès réservé aux abonnés, sorry).

“If you can’t make it good, make it 3D”…

La 3D était aussi une des stars du dernier Comic-Con de San Diego (une convention spéciale pour fans de BD), outre-Atlantique. Mais pas tout à fait de la manière attendue: elle semble bien avoir provoqué un début de polémique à Hollywood, relayée lors de ce dernier Comic-Con.

Il y a cette image, qui circule en ce moment sur le Net, un photomontage où l’on voit des lunettes bicolores pour voir en relief, et, au-dessus en flou, ce slogan qui s’affiche: “Votre film n’est vraiment pas bon ? Faites-le en 3D”. Une image parodique qui ressemble furieusement à une contre-campagne…

La 3D, pépite pour les studios

Dommage, il y a encore quelques mois, dopé par l’effet ”Avatar”, Hollywood était persuadé que le spectacle des films en 3D relancerait les entrées en salles, freinées par le home cinéma et le téléchargement. Entre parenthèses, avec un bon sens du business curieusement, en cette rentrée, James Cameron a ressorti en salles Avatar 3D en une sortie de version reloaded, avec “quelques minutes inédites”.

Mieux, pour les studios et les exploitants, cette pépite permettait de majorer les prix des tickets d’entrée. Seulement voilà, au Comic Con, plusieurs cinéastes se sont exprimés contre la 3D, demandant le retour du “plat”, approuvés par la foule, comme le relatait le New York Times| (traduction ici) , relayé par Télérama la semaine dernière.

Ce sont pourtant des représentants de la fine fleur Hollywood qui ont mené cette fronde anti-3D, raconte le NY Times: J.J. Abrams, auquel on doit 24 Heures chrono et Star Trek, Jon Favreau (Iron Man), Edgar Wright (qui vient de terminer Scott Pilgrim vs. the world, tiré d’une BD).

Prouesse technique

James Cameron a tourné son film dans les règles de l’art avec une véritable caméra à double objectif, après avoir développé avec l’ingénieur Vince Pace une gamme de caméras 3D dernier cri en haute définition, comme le raconte ce passionnant papier paru dans Le Figaro. Une prouesse technique qui rend les images d’Avatar d’autant plus bluffantes (même si on peut ne pas être fan du scenar, ce qui fut mon cas ;), et préfigure le cinéma à grand spectacle de demain. Du même coup, il a consacré – et industrialisé – la 3D au cinéma.

Au vu de son succès, plusieurs studios hollywoodiens ont choisi d’adapter, dans la précipitation, en phase de post-production, leurs films déjà tournés en 2D pour une diffusion en 3D. Erreur fatale : le rendu était loin d’être le même. Exemples: Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Le Dernier Maître de l’air de M. Night Shyamalan, et Le Choc des Titans de Louis Leterrier. A la grande fureur de James Cameron, qui a brocardé ce dernier, un film en “2,5D, voire en 1,8D “.

Certains réalisateurs ont d’ailleurs dû lutter contre leurs producteurs pour ne pas se voir imposer la 3D: ce fut le cas de Christopher Nolan, avec son exigeant film fantastique Inception. Il a d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises ses réserves pour tourner en 3D relief. Son film en 2D a (pourtant) cartonné en salles.

Passage trop rapide à la TV 3D ?

Du coup, les spectateurs vont-ils accepter d’adopter ce format encore balbutiant sur leur télé ? Le rendu 3D sur les télés est loin d’être parfait, avait un certain nombre d’imperfections. En vrac, comme me le citait @replikart dans un commentaire très détaillé à mon papier publié dans Mediapart, on a “une purge de la colorimétrie, une purge du contraste, une réduction drastique du piqué, un aplatissement des nuances/teintes, des problèmes de profondeur souvent liés à un mauvais ajustement en post-prod’, des angles de vision dérisoires que les dalles TN ne font qu’empirer”… Voilà pour les imperfections techniques.

Et sur la question des usages (là, c’est davantage mon rayon ;), alors que le consommateur lambda s’habitue à peine à la haute définition (HD) et au Blue-Ray, n’est-ce pas un peu tôt ? Il y a ce chiffre issu du Japon que l’on m’a cité plusieurs fois à l’IFA (“10% des utilisateurs auraient des problèmes oculaires avec la 3D”)… Sans compter les nombreux astigmates, ou personnes ayant des problèmes oculaires plus complexes (une bonne part de la population mine de rien), qui ne peuvent regarder plus de 2 heures d’un programme en 3D sans avoir mal à la tête – ou, carrément, ne peuvent voir l’effet de relief inhérent à la 3D.

Le porno aussi s'est récemment mis à la 3D

Un sacré saut technologique, où en plus le cerveau doit s’habituer à ce mode de vision. Il faudra voir si la 3D est entrée dans les foyers d’ici quelques années. Rendez-vous dans dix ans ;)

Illustrations FlickR CC : colon+right.bracket, Randy Son Of Robert

Article initialement publié sur Miscellanees.net

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