OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Fausses photos vintages http://owni.fr/2011/07/30/fausses-photos-vintages/ http://owni.fr/2011/07/30/fausses-photos-vintages/#comments Sat, 30 Jul 2011 08:59:07 +0000 Nathan Jurgenson http://owni.fr/?p=75022

Billet initialement publié sur CyborgOlogy et repéré par Owni.eu
Nathan Jurgenson, l’auteur de cet article, travaille sur une thèse concernant la documentation de la vie privée et les réseaux sociaux. Il a écrit cet essai en trois parties sur son blog Cyborgology.

Sauf mention contraire, tous les liens de l’article sont en anglais.

1e Partie : Instagram et Hipstamatic

L’hiver dernier, pendant une violente tempête de neige, mes comptes Facebook et Twitter ont été inondés de photos enneigées. Toutes partageaient un point commun (autre que la neige) : elles semblaient avoir été prises avec des Polaroid bon marché ou un appareil argentique, il y a 60 ans. Mais toutes avaient été prises récemment grâce à de nouvelles applications pour smartphone très populaires comme Hipstamatic et Instagram.

Les photos (comme celle ci-dessous) provoquaient immédiatement un sentiment de nostalgie et une sensation d’authenticité qui manque souvent aux photos numériques postées sur les réseaux sociaux. Les photos rétros et vintages ont récemment explosé. Grâce à ces applications, plus besoin de photoshop ou des ravages du temps pour poster une photo bien vieillie.

Dans cet essai, j’espère montrer comment les fausses photos vintages, en apparence banales, illustrent une tendance plus large dans les médias sociaux en général. La fausse photo vintage est au centre de cet essai mais sert surtout d’exemple pour illustrer une tendance plus large selon laquelle les médias sociaux nous forcent de plus en plus à voir notre présent comme un éventuel passé documenté. Mais un retour sur les origines technologiques du phénomène est requis avant de développer ce point.

Hipstamatic a été la première application très populaire à rendre les photos instantanément rétros. Instagram est encore plus puissante avec sa sélection de multiples « filtres », c’est-à-dire différents tons de vintage (quelques filtres pas vraiment vintages sont aussi disponibles). Instagram est aussi équipé d’une couche de réseaux sociaux qui permet aux utilisateurs de partager un flux de photos Instagram avec leurs « amis ». D’autres applications de photographie rétro sont aussi disponibles.

Pourquoi faire ces applications maintenant ? Entre autre chose, elles estompent les images (en particulier sur les bords), ajustent les contrastes et les teintes, saturent ou désaturent les couleurs, floutent des zones pour exagérer une profondeur de champs très courte, ajoutent un faux grain de pellicule, des éraflures et d’autres imperfections, etc. Et – c’est important pour le prochain post – les photos sont pensées pour ressembler à des tirages photos papiers. Beaucoup de nos flux Facebook, Tumblr, Twitter et autres hébergent désormais des fausses photos vintages les unes après les autres.

Pourquoi ces imitations vintages aujourd’hui ?

Cette tendance a été rendue possible grâce à l’essor des smartphones. Parce que la photographie depuis un smartphone est différente de la photographie numérique sur au moins 3 aspects : (1) vous êtes plus susceptible d’avoir constamment votre smartphone sur vous (parfois même en dormant) que votre appareil numérique compact ; (2) l’appareil photo du smartphone fait partie d’un puissant écosystème de logiciels informatiques, composé d’une série d’applications ; et (3) le smartphone est connecté à Internet de façons plus variées et plus souvent que les anciens appareils photo.

Les photos que vous prenez sont donc plus susceptibles d’être sociales (à l’opposé de la seule consommation personnelle) puisque l’appareil photo est maintenant toujours avec vous dans des événements sociaux et, surtout, puisque l’appareil est connecté au Web et existe dans le cadre d’une série d’autres applications sur votre smartphone qui sont souvent capables de délivrer du contenu à divers réseaux sociaux. Outre l’aspect social, les applications rendent l’utilisation de filtres sur vos photos beaucoup plus aisée qu’avec les appareils photo compact ou les logiciels d’éditions sur ordinateur.

Mais cet essai ne s’interroge pas sur la hausse de l’utilisation de la photographie sociale numérique, mais sur ces photos manipulées numériquement spécifiquement pour paraître vintage.

Pourquoi sommes-nous si nombreux à préfèrer prendre, partager et regarder des photos faussement vieillies ?

Est-ce en raison de la qualité de la photo ?

Peut-être, comme l’a noté un autre bloggeur, est-ce la piètre qualité des appareil photos de téléphones qui a mené à l’essor de l’imitation vintage. Peut-être les appareils photos de smartphones ont-ils tendance à produire des photos défraîchies qui deviennent plus intéressantes après être passées au filtre de l’imitation vintage ?

Les photographes savent depuis longtemps que, selon la situation, une photo qui a du grain peut être aussi bonne, voire meilleure, qu’un cliché techniquement parfait. Aujourd’hui tous ceux qui ont un smartphone peuvent prendre une photo intéressante en appuyant seulement sur un bouton supplémentaire. Mais cette explication ne dit pas pourquoi nous estimons que le vintage est intéressant. [Et puis, de nombreux appareils photo de smartphone ont une haute définition].

Poètes et Scribes

Une autre explication de la hausse de la photo imitation vintage pourrait être la façon dont ces applications nous permettent d’être plus créatifs avec nos clichés. Susan Sontag [fr], dans le fabuleux « On Photography » parle de la façon dont la photographie est à la fois une capture de la réalité et une création subjective. Lorsque nous prenons un cliché nous sommes donc à la fois poètes et scribes ; c’est un point que j’ai utilisé pour décrire la documentation de nos vies sur les réseaux sociaux : nous sommes à la fois des scribes qui racontons notre réalité, mais nous le faisons toujours avec la créativité d’un poète.

Donc, si « la photographie n’est pas uniquement lié au souvenir, mais aussi à la création, » alors l’essor des smartphones et des applications photos a démocratisé des outils qui permettent de créer des photos qui mettent l’accent sur l’art et plus seulement sur la vérité. Mais, une fois de plus, cette explication montre seulement pourquoi nous voulons manipuler les photos. Elle n’explique pas pourquoi un si grand nombre d’entre nous choisit si souvent de les manipuler pour leur donner un aspect retro ou vintage.

Lorsque nous prenons une photo, nous sommes à la fois poètes et scribes.

2e Partie : Saisir l’authenticité

Jusqu’à maintenant, j’ai décrit ce qu’est l’imitation vintage et j’ai noté qu’il s’agit d’une nouvelle tendance qui provient des smartphones et a proliféré sur les réseaux sociaux comme Facebook, Tumblr et autres. Mais la question importante demeure : pourquoi les fausses photographies vintage sont-elles si populaires ?

Ce que je veux soutenir c’est que l’essor des fausses photos vintage est une tentative de créer une sorte de « nostalgie pour le présent, » une tentative de rendre nos photos plus importantes et réelles. Nous voulons doter nos vies présentes des sentiments puissants liés à la nostalgie. Et, finalement, cela va bien plus loin que des photos imitation vintage ; la popularité momentanée des photos style-Hipstamatic souligne une tendance plus large de voir le présent de plus en plus comme un éventuel passé documenté. L’expression « nostalgie du présent » est empruntée au grand philosophe du post-modernisme, Frederic Jameson, qui affirme que « nous nous retirons de notre immersion dans l’ici et maintenant […] pour la matérialiser. »

Le terme « nostalgie » a été forgé il y a plus de 300 ans pour décrire une condition médicale de mal du pays sévère, voire parfois fatale. Alors qu’il était rattaché à un phénomène physique, il a mué à l’orée du 19e pour parler d’un phénomène psychologique. Il ne s’agit plus dès lors du simple manque d’un endroit mais aussi du manque d’une époque passée qu’on ne peut jamais revisiter, si ce n’est par les souvenirs. C’est le sujet favori de Marcel Proust : comment des stimuli sensoriels peuvent évoquer des sensations extraordinairement fortes et de vifs souvenirs du passé. Il s’agit précisément là du sentiment nostalgique que ces fausses photos vintage semblent invoquer.

La fausse matérialité : une réalité augmentée

Une des principales façons pour la photo numérique d’invoquer ce sentiment est de ne pas ressembler du tout à une photo numérique. Beaucoup, et particulièrement ceux qui utilisent les applications imitation vintage, connaissent la photographie sous sa forme numérique : prise sur un appareil numérique et conservée et partagée sur des albums numériques et sur des réseaux sociaux comme Facebook. Mais tout comme l’essor et la prolifération du MP3 s’accompagne du retour en grâce du vinyl, l’esthétisme du tirage papier est de plus en plus recherché. Sa matérialité, son poids, son odeur, l’interaction tactile, tout ça donne un sens au cliché qui manque encore au digital.

La façon la plus rapide de faire appel à la nostalgie pour un temps révolu avec la photographie est d’invoquer les propriétés du tirage papier en imitant les ravages du temps, en fanant les couleurs, en imitant le grain du film et ses écorchures, ainsi qu’en ajoutant la bordure typique du tirage papier ou du Polaroid. Cela suit la tendance de ce que j’ai appelé la « réalité augmentée » : le fait que le réel et le numérique s’envahissent mutuellement de plus en plus. Lorsque nous tentons de reproduire l’impression du papier sur nos photos numériques, nous tentons d’acheter le cachet et l’importance de la matérialité.

J’ai noté par le passé cette tendance à attacher une importance spéciale à la matérialité. J’ai commenté le biais qui pousse à considérer les livres imprimés comme plus « profonds » que le texte numérique. J’ai aussi critiqué ceux qui qualifient l’activisme en ligne d’« activisme assis » (« slacktivism ») et ceux qui voient la communication numérique comme naturellement superficielle. Pourquoi accordons-nous une importance spéciale au tirage papier ?

Peut être est-ce parce que le tirage papier était rare. Il fallait plus de temps et d’argent pour produire une photo avant l’apparition de la photographie numérique. C’est l’une des principales différences entre les atomes et les bits : les premiers sont limités, les seconds sont en abondance ; j’ai déjà écrit sur ce sujet. Le fait qu’une photo prise il y a longtemps a survécu lui donne une forme d’autorité que la même photo prise par un appareil photo numérique aujourd’hui n’a pas. Dans tous les cas, la quête de matérialité des fausses photos vintage n’est qu’une des raisons pour lesquelles elles sont devenues si populaires.

Nostalgie et Authenticité

Nous choisissons donc de créer et d’apprécier des photos faussement vintage parce qu’elles semblent plus authentiques et réelles. Nous n’en sommes pas nécessairement conscients lorsque nous choisissons le filtre, ou lorsque nous cliquons sur le bouton « j’aime » sur Facebook ou lorsque nous le rebloggons sur Tumblr. Nous associons l’idée d’authenticité avec les photos vintages parce qu’avant, les photo vintages étaient vraiment vintages. Elles ont résisté aux épreuves du temps, elles montrent un monde passé et, en tant que telles, elles ont gagné une importance.

Les gens sont assez conscients du pouvoir du vintage et du rétro comme vecteurs d’authenticité. Dans son livre « Naked City », Sharon Zukin décrit la récente gentrification des zones urbaines comme une quête d’authenticité. On retrouve chez ceux qui sont nés dans le monde plastique de l’Amérique des banlieues « Disneyifiées » et « MacDonaldisées », cette obsession culturelle de la décadence (comme avec le « decay porn ») et la quête d’une réalité authentique dans notre monde simulé [fr] (comme dirait Jean Baudrillard [fr]).

Les fausses photos vintages qui peuplent nos réseaux sociaux partagent une qualité avec le quartier de Brooklyn et sa poussière authentique : ils conjurent une authenticité dans une époque de simulation et de vaste prolifération des images numériques. De cette façon, les photos Hipstamatic vous placent vous et votre présent dans le contexte du passé, de l’authentique, de l’important et du réel.

Mais, bien entendu, contrairement aux friches urbaines ou à la rareté d’une antiquité hors de prix, l’aspect vintage des photos Hipstamatic ou Instagram est simulé. Nous savons tous que ces photos n’ont pas été vieillies par le temps mais par une application. Ces imitations ont conscience de leur propre imposture (peut être que cette prise de conscience est le « hipster » de Hipstamatic). Les fausses photos vintages sont pareilles à un « diner » [fr] des années 1950 reconstitué aujourd’hui. Elles sont comme le Disney Village ou les faux vieux taxis new-yorkais de l’hôtel-casino New York-New York de Las Vegas. Tous ces exemples sont des imitations qui tentent de rendre les gens nostalgiques d’une époque révolue. Comme dans la descriptions des simulations de Baudrillard, les photos Hisptamatic sont devenues plus vintage que le vintage lui-même ; elles exagèrent les qualités de ce qui fait le vintage et sont donc hyper-vintage.

La seule chose qu’une fausse photo vintage apporte, l’authenticité, est donc niée par le fait qu’il s’agit d’une imitation. Mais cela n’empêche pas ces photos d’évoquer des sentiments de nostalgie et d’authenticité car ce qui est référencé n’est pas « le vintage » mais plutôt « l’idée de vintage », pareille à l’imitation de « diner » ou au Disney Village ; tous ces exemples sont des versions très réalistes de quelque chose d’autre et tous sont capables de causer et d’exploiter des sentiments de nostalgie. Ainsi, être simplement conscient que l’authenticité achetée par Hipstamatic est simulée empêche la fausse photo vintage d’intégrer l’économie du réel et de l’authentique.

3e partie : La nostalgie du présent

L’essor de la fausse photo vintage montre un élément qui peut être appliqué aux médias sociaux en général : les utilisateurs de réseaux sociaux considèrent systématiquement le présent comme un potentiel document qui peut être consommé par d’autres. Facebook fait du présent un éternel « futur passé ». Que ce soit à travers les status de Twitter, les « check-ins » de Foursquare, les critiques de Yelp, ces photos Instagram, ou toutes les autres possibilités d’auto-documentation offertes par Facebook, nous voyons plus que jamais le monde à travers ce que j’appelle « une vision documentaire ».

La vision documentaire est un peu comme l’oeil du photographe qui après avoir pris de nombreuses photos commence à voir le monde toujours comme un potentiel cliché, même quand il ne porte pas son appareil. Cette habitude du photographe d’encadrer et de composer le monde comme une photo est devenue une métaphore pour ceux habitués à la documentation dans les médias sociaux. L’explosion des possibilités de documentation de nos vies, et l’audience promise par les réseaux sociaux, nous ont positionné dans l’optique de vivre notre quotidien avec l’impression constante qu’il sera perçu comme ayant déjà eu lieu. Nous en venons à percevoir ce que nous faisons toujours comme un potentiel document, envahissant le présent avec le passé, pour au final nous rendre nostalgiques de l’ici et maintenant. Il n’y a pas de meilleur exemple pour illustrer ce phénomène que les fausses photos vintage.

Celles-ci demandent à ceux qui les regardent d’oublier leur incrédulité quant à leur authenticité et à leur nostalgie simulée et de voir les clichés – et ce qu’ils montrent – comme étant authentiques et importants du moins par leur référence à « l’idée » du passé. Alors que techniquement toutes les photos, et même tous les documents, conjurent le passé, les fausses photos vintage servent à souligner et rendre d’autant plus clairs nos efforts pour orchestrer nos vies présentes comme un passé déjà synonyme de nostalgie.

La fausse photo vintage est consciente d’être un document. Les photos numériques que nous postons sur nos murs Facebook sont une documentation de notre existence, les fausses photos vintages sont cela et bien plus encore : elles sont aussi une référence à la documentation elle-même. Cette double nature devient une preuve supplémentaire de notre existence. L’essor de la fausse photo vintage et de son partage sur les réseaux sociaux est avant tout un geste existentiel qui s’est développé parce que conjurer le passé crée un sentiment de nostalgie et d’authenticité.

Mais l’ironie ultime est que ces outils, qui, comme tous les réseaux sociaux, aident à nous convaincre que nous sommes réels et authentiques, le font tout en nous empêchant dans une certaine mesure de vivre notre présent ici et maintenant. Pensez à un voyage que vous avez fait accompagné de votre appareil photo, et pensez au même voyage fait sans appareil. La plupart d’entre nous ont déjà voyagé avec et sans un appareil photo et savent que l’expérience est légèrement différente, voire pour certains radicalement différente.

Avec de si nombreuses possibilités de documentation (Facebook, Twitter, Instagram, Yelp, Foursquare, et d’autres), nous vivons toujours, à la fois littéralement et métaphoriquement, un appareil photo à la main. Quand nous découvrons un nouveau bar ou une excellente pizzeria, nous pensons à en faire la critique sur Yelp. Quand nous entendons une conversation amusante nous pensons à la twitter. Lorsque nous sortons avec des amis nous pensons à mettre à jour notre status sur Facebook. Et lorsque nous sommes à un concert nous pouvons être distraits par l’envie de prendre et de publier une photo de l’événement. La semaine dernière, alors que j’avais préparé un petit-déjeuner qui avait l’air particulièrement appétissant, mon premier réflexe a été d’en publier une photo, avant même d’y gouter.

Mon projet de thèse sera d’explorer ces points et de démontrer précisément comment cette nouvelle vision documentaire peut changer notre quotidien. Est-ce que savoir que nous allons nous « check-in » sur Foursquare dans le restaurant où nous allons manger peut changer notre choix de restaurant ? Notre documentation en ligne est-elle seulement le reflet de nos actions ? Ou peut-elle aussi en être la cause ? Pour prendre un cas extrême : j’ai un jour entendu une femme saoule dire dans le métro « le vrai monde c’est là où on prend des photos pour Facebook. » Elle était, je pense, la personne la plus intelligente du wagon.

Que vont devenir les fausses photos vintage ?

Pour conclure, laissez-moi revenir sur les fausses photos vintages en particulier. Je pense qu’elles pourraient n’être qu’un engouement passager. Les fausses photos vintages dévaluent et épuisent leur propre définition de l’authenticité, ce qui présage de leur disparition puisque l’authenticité est leur marque de fabrique et ce qui les a rendu populaires. Produire trop d’imitations du réel pourrait leur nuire et créer une inflation. Les fausses photos vintages ne pourront par exemple plus conjurer l’importance associée à la matérialité si l’aspect vintage devient plus associé aux smartphones qu’aux vieux clichés. La nouveauté s’éteint et la nostalgie disparaît.

Le pire pour Hipstamatic et Instagram est que ces applications ont tendance à homogénéiser tous les clichés qui finissent tous par se ressembler. Dans notre tentative de faire des photos originales et spéciales grâce à ces filtres vintages, nous nous tournons vers des photos qui se ressemblent toutes. Les photos Hipstamatic étaient novatrices et intéressantes, elles sont aujourd’hui à la mode. Bientôt (ou même déjà ?) elles sembleront surfaites et trop évidentes (surtout si les parents des usagers actuels se mettent à poster des fausses photos vintages eux aussi).

Pour être clair, les techniques photographiques comme la saturation, l’estompage ou autres ne sont pas essentiellement bonnes ou mauvaises (par exemple, j’aime beaucoup ces faux clichés vintages). Mais lorsqu’elles sont si souvent utilisées elles apparaissent moins comme un choix artistique et plus comme une tendance (ce que Baudrillard appelle « la logique de la mode »). Le destin ironique qui marque la fin de beaucoup de tendances qui exploitent la notion d’authenticité est que leur popularité tue ce qui les avaient rendues populaires.

L’inévitable déclin (mais pas nécessairement la disparition complète) des fausses photos vintages viendra lorsque nous estimerons ces clichés de plus en plus faux et démodés, niant par la même la sensation d’authenticité qui faisait leur succès. Juste une photo de plus d’une route ensoleillée, d’un bouton d’or ou de vos pieds ?

Traduction par Marie Telling

Illustrations : FlickR CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Βethan PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Alex Estrems, PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par exoskeletoncabaret PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par ragesoss PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par exoskeletoncabaret PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par nikrowell PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par exoskeletoncabaret

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Superbes images d’une éruption solaire http://owni.fr/2011/06/11/images-eruption-solaire-energie-satellite/ http://owni.fr/2011/06/11/images-eruption-solaire-energie-satellite/#comments Sat, 11 Jun 2011 08:36:18 +0000 Xavier Demeersman http://owni.fr/?p=67364

La spectaculaire éruption solaire du 7 juin 2011 a été capturée par différents satellites et observatoires du Soleil, multipliant ainsi les points de vue et les informations chères aux physiciens.

Le célèbre satellite SoHO qui a déjà couvert un cycle solaire (le précédent, cycle 23) a lui aussi livré ses images et vidéos de l’énorme éruption solaire. Sur la vidéo ci-dessous, ont peut découvrir l’éjection de masse coronale propulsant des particules solaires à des vitesses supérieures à 1 200, voire 1 600 kilomètres par seconde ! L’image est brouillée par la « déflagration » électro-magnétique, les particules heurtant le capteur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Eruption solaire classe M 2.5 photographiée par SDO

Le satellite Solar Dynamics Observatory (SDO) a sans doute capturé les plus belles images de la gigantesque éruption solaire, fort de caméras observant à très haute résolution. Les détails sont à couper le souffle ! Cette éruption extraordinaire n’est, cependant, pas l’une des plus puissantes. Elle est, toutefois, diablement spectaculaire ! Les scientifiques estiment qu’elle s’est déployée dans un volume équivalent à 75 fois la taille de la Terre !

En vidéo ci-dessous, l’énorme éruption solaire enregistrée par SDO.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La pair de satellites STEREO A (Ahead) et B (Behind) offrent aux chercheurs une vue stéréoscopique sans équivalent de la couronne solaire. Latempête classée M 2.5 ne leur a évidemment pas échappée. Ainsi peut-on découvrir (et re-découvrir) l’éjection de masse coronale ou CME (Coronal Mass Ejection) qui a suivie l’éruption. Notre étoile, de la taille du cercle blanc au milieu du disque noir, est cachée par un coronographe afin de mieux discerner son environnement appelé couronne solaire. D’énormes quantités de particules solaires sont éjectées dans l’espace. Les images sont brouillées par les salves de vent solaires provenant de la violente tempête électro-magnétique ! Un effet qui peut très bien perturber tout système électrique et électronique sur Terre, selon l’intensité de la tempête.

CME photographiée par les satellites Stereo A et B (cliquez pour voir les vidéos)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suivez l’activité solaire sur le site Solarham.

En découvrir plus sur la page de la NASA consacrée à cette spectaculaire éruption solaire.


Article initialement publié sur le Cosmographe.

Crédit photo et vidéo : NASA/SDO/SoHO/STEREO.

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Éruption solaire en images http://owni.fr/2011/06/09/eruption-solaire-en-images/ http://owni.fr/2011/06/09/eruption-solaire-en-images/#comments Thu, 09 Jun 2011 09:31:07 +0000 Xavier Demeersman http://owni.fr/?p=35116

La spectaculaire éruption solaire du 7 juin 2011 a été capturée par différents satellites et observatoires du Soleil, multipliant ainsi les points de vue et les informations chères aux physiciens.

Le célèbre satellite SoHO qui a déjà couvert un cycle solaire (le précédent, cycle 23) a lui aussi livré ses images et vidéos de l’énorme éruption solaire. Sur la vidéo ci-dessous, ont peut découvrir l’éjection de masse coronale propulsant des particules solaires à des vitesses supérieures à 1 200, voire 1 600 kilomètres par seconde ! L’image est brouillée par la « déflagration » électro-magnétique, les particules heurtant le capteur.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Eruption solaire classe M 2.5 photographiée par SDO

Le satellite Solar Dynamics Observatory (SDO) a sans doute capturé les plus belles images de la gigantesque éruption solaire, fort de caméras observant à très haute résolution. Les détails sont à couper le souffle ! Cette éruption extraordinaire n’est, cependant, pas l’une des plus puissantes. Elle est, toutefois, diablement spectaculaire ! Les scientifiques estiment qu’elle s’est déployée dans un volume équivalent à 75 fois la taille de la Terre !

En vidéo ci-dessous, l’énorme éruption solaire enregistrée par SDO.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La pair de satellites STEREO A (Ahead) et B (Behind) offrent aux chercheurs une vue stéréoscopique sans équivalent de la couronne solaire. Latempête classée M 2.5 ne leur a évidemment pas échappée. Ainsi peut-on découvrir (et re-découvrir) l’éjection de masse coronale ou CME (Coronal Mass Ejection) qui a suivie l’éruption. Notre étoile, de la taille du cercle blanc au milieu du disque noir, est cachée par un coronographe afin de mieux discerner son environnement appelé couronne solaire. D’énormes quantités de particules solaires sont éjectées dans l’espace. Les images sont brouillées par les salves de vent solaires provenant de la violente tempête électro-magnétique ! Un effet qui peut très bien perturber tout système électriques et électroniques sur Terre, selon l’intensité de la tempête.

CME photographiée par les satellites Stereo A et B (cliquez pour voir les vidéos)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Suivez l’activité solaire sur le site Solarham.

En découvrir plus sur la page de la NASA consacrée à cette spectaculaire éruption solaire.


Article initialement publié sur le Cosmographe.

Crédit photo et vidéo : NASA/SDO/SoHO/STEREO.

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VENDREDI C’EST GRAPHISM S02E14! http://owni.fr/2011/04/08/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e14/ http://owni.fr/2011/04/08/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e14/#comments Fri, 08 Apr 2011 06:30:08 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=55499

Bonjour, ici Geoffrey et nous y voilà, c’est vendredi et c’est… Graphism !

Cette semaine est assez variée, entre vidéos, dessins, et photographie !

On commence la semaine avec « The Wood » qui est un ensemble de petits personnages en 3D qui se promènent dans la forêt. Voilà de quoi mettre un peu de fraîcheur avec le fabuleux travail de Andre & Victoria Koval.  Ces deux artistes ont réalisé une série de clichés intitulés tout simplement « The Wood » à partir de photos de forêt dans lesquelles ils ont intégré des personnages en 3D. Le tout est dans un esprit très kawaii (かわいい) et animiste, faites attention où vous marchez la prochaine fois que vous vous baladez en forêt !

source

On continue notre revue de la semaine avec l’actu incontournable du monde de l’édition, il s’agit des livres des Editions Point2, qui ont fait beaucoup parler d’elles depuis leur exposition au Salon du Livre. Venus tout droit des Editions du Seuil, ces petits livres de poche se veulent en quelque sorte une réponse haptique, matérielle, en papier, à la lecture d’aujourd’hui. Je suis assez surpris de ce format et de la communication faite autour, avec par exemple cette publicité :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source | Les éditionspoint2

Une très étrange vidéo 8-bits de Major Neese et de Katamari Damacy où un petit personnage roule à travers certains grands classiques du jeu vidéo ! Au programme des jeux, je vous invite à reconnaître : Pacman, Crystal Castles, Wizard of Wor, Adventure, Paperboy, Legend of Zelda, Nintendo World Cup, Babarian II, Samurai warrior, Krakout II, Bob´n Rumble, Deathwish III, Pitfall, H.E.R.O. , Space invaders, Smurf, The 3 Stooges, Golden Axe, Double Dragon, California Games, Battletoads, Kid Icarus, Metroid, California Games (Again), Froehn, Super Mario Brothers, Test Drive, Megaman (Special…), Discworld, Rampage, Marble Madness et Cannon Fodder !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Toujours cette semaine, voici un travail pour les fans de séries et de couture, ou encore mieux… de broderie ! Depuis que j’écris cette chronique, j’ai vu des super-héros représentés en affiches, en livres, en pixel-art mais aujourd’hui ce sont nos grand-mères qui s’en emparent car ils sont faits… au point de croix ! Vous pouvez maintenant remplacer les « Home Sweet Home » de vos maisons par la Justice League of America, Green Lantern ou encore les Tortues Ninja… Très classe ! ;-)

source

Publié récemment, ce travail a reçu le prix ​​pour le meilleur travail étudiant 2009 du Département des Beaux-Arts. “Prélude”, c’est son nom est une installation musicale qui interagit sur la fonte des neiges et ses gouttelettes. L’idée est ainsi de placer un xylophone à certain endroit sous certaines gouttes et de créer ainsi des compositions sonores subtiles :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

J’ai pensé à vous en terminant le livre de Gunpei Yokoi (le monsieur Nintendo qui inventa la Game Boy, l’autoradio, la croix multidirectionnelle, la Super Nintendo, les Game & Watch, j’en passe!) avec cette citation ! Son livre est un exemple pour tous les designers, créateurs et inventeurs et je vous le recommande vivement. Dans cette citation, il nous raconte l’anecdote de son fils qui lui demande sa méthode pour chercher et trouver une idée et ce qu’il décrit est très drôle mais très intelligent :-)

source

Le WTF de cette semaine est une vidéo qui a une histoire fort originale :-) Ce petit dessin animé est décalé comme je l’aime, tout à fait le travail de Graham Annable. Graham a commencé à griffonner très jeune et n’a jamais cessé. Son travail est apparu dans des films, à la télévision, dans des jeux vidéo et de nombreuses bandes dessinées.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Si vous êtes arrivé jusque-ici, bravo et un grand merci d’être toujours là ! Je vous invite donc à aller jeter un oeil au dernier projet Collectif-404, ou, si vous êtes tenté, vous pouvez participer à ce petit concours pour gagner un livre :-)

Bon week-end les ami(e)s et à la semaine prochaine !

Geoffrey

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Bulles et couleurs de l’espace http://owni.fr/2011/03/26/bulles-et-couleurs-de-l-espace/ http://owni.fr/2011/03/26/bulles-et-couleurs-de-l-espace/#comments Sat, 26 Mar 2011 09:00:12 +0000 Dr Goulu http://owni.fr/?p=53228

Il y a plus de choses dans le ciel et la terre, Horatio, qu’il est rêvé dans votre philosophie.

Je n’avais jamais commencé d’article par une citation de Shakespeare (Hamlet, Acte I, Scene V). Voilà qui est fait. La raison, la voici :

Photo : T. A. Rector/University of Alaska Anchorage, H. Schweiker/WIYN and NOAO/AURA/NSF

Vous admirez la “Nébuleuse Bulle de Savon” (PN G75.5+1.7 pour les intimes) découverte il y a trois ans par Dave Jurasevich à l’observatoire du Mont Wilson et indépendamment par Keith B Quattrocchi et Mel Helm, des astronomes amateurs bien équipés.

Cette bulle parfaitement sphérique de 5 années lumières de diamètre a été expulsée il y a 22 000 ans d’une étoile de la constellation du Cygne qui a eu un hoquet nucléaire. Lorsqu’une étoile épuise son hydrogène et s’étouffe dans l’hélium qu’elle a produit, elle s’éteint brièvement, s’effondre en se comprimant et se réchauffant. Si elle est assez lourde pour que la fusion de l’hélium s’amorce, elle se rallume. Une fois l’hélium fusionné en carbone et oxygène, elle s’éteint à nouveau. Si l’étoile est très massive, elle peut encore enchainer plusieurs cycles de plus en plus rapides et terminer son existence dans une spectaculaire supernova, mais beaucoup d’étoiles deviennent des naines blanches après la fusion de l’hélium, éjectant leurs couches externes dans l’espace, formant des nébuleuses (dite “planétaires” pour des raisons historiques). Mais il est très rare qu’elles aient une forme aussi parfaitement sphérique (sur 1500, je crois qu’il n’y en a qu’une seule autre : Abell 39)

Comment colore-t-on les photo d’astronomie?

Parlons maintenant des jolies couleurs bleu-orange de la photo. En fait elles n’existent pas. La photo originale de Dave Jurasevich est celle-ci:

Elle a été obtenue avec un temps de pose d’une demi-heure. On comprend pourquoi cette nébuleuse n’a pas été détectée plus tôt : elle est extrêmement peu lumineuse. Et on n’y distingue pas la moindre couleur pour la simple raison que les capteurs CCD sont par nature “noir et blanc”, ou plutôt détectent la lumière de toutes les couleurs . Nos appareils photo utilisent des “filtres de Bayer” qui colorient un pixel sur 4 en rouge, un autre en bleu, et les deux restants en vert parce que notre œil est plus sensible dans le vert, mais les couleurs du ciel nocturne sont bien différentes de celles de nos photos de vacances, donc il serait dommage d’atténuer la faible lumière céleste en la filtrant par des couleurs terrestres.

Les “couleurs” des astres chauds sont formées de raies spectrales typiques des éléments qui les composent, ce qui permet d’ailleurs de déterminer leur composition par spectroscopie. Par conséquent, les “bonnes” couleurs à filtrer en photographie astronomique sont celles des raies d’émission des atomes que l’on suppose être présents dans l’objet observé. L’hydrogène, élément de très loin le plus abondant dans les étoiles est un bon candidat, et en particulier sa raie H-α, qui correspond à un rouge vif. Pour notre nébuleuse, la raie de l’Oxygène III, dans le vert, s’est révélée un bon choix pour mettre en évidence la “bulle de savon”.

Les clichés pris successivement avec un filtre pour H-α et un filtre O-III sont différents, mais toujours en noir et blanc. Il faut bien comprendre qu’ils ne représentent qu’une toute petite partie de la lumière reçue, dans deux “couleurs” judicieusement choisies pour obtenir un contraste maximum parce que les “vraies couleurs” sont pratiquement indiscernables à l’œil.

L’équipe du télescope Mayall à Kitt Peak a choisi de combiner les clichés en attribuant une couleur orange à H-α et bleue à O-III pour faire plus joli, alors que Keith B Quattrocchi et Mel Helm ont choisi des couleurs violettes et vertes, ajoutant même un troisième filtre pour le Soufre-II.

De plus ils sont plus explicites sur la technique utilisée: ils ont pris au total 21 clichés de 20 minutes d’exposition, soit 7 heures pour chacun des 3 filtres. Les clichés ont été superposés avec CCD Stack, et MaxIm DL, puis un peu PhotoShopés quand même.

Voilà, votre nouveau fond d’écran astronomique est disponible en deux couleurs, et vous savez pourquoi.

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>> Article initialement publié sur le Blog de Dr Goulu, un blog du C@fé des sciences

>> Illustration FlickR CC-by-nc Rusty Mayhew

Retrouvez tous nos articles de la Une astronomie sur OWNI (Image de Une CC Elsa Secco)

- “L’astronomie amateur, la science populaire n’est pas qu’un loisir!

- “Sous deux soleils exactement

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[photos] #1 Nuit-Sujet: “Dégage!” http://owni.fr/2011/03/25/photos-1-nuit-sujet-degage/ http://owni.fr/2011/03/25/photos-1-nuit-sujet-degage/#comments Fri, 25 Mar 2011 13:47:38 +0000 Admin http://owni.fr/?p=53325 Deux paires d’yeux à l’affût

Ce ne fut pas facile pour tout le monde, cette #nuitsujet du mardi 22 mars…
Il y avait ceux, nombreux, qui assistaient à l’événement organisé par OWNI et Radio Nova, participant activement en descendant le bar généreusement installé dans un grand jardin synthétique, sous la verrière. Qu’importait pour eux que leur vue se brouillât légèrement, que leur démarche fût moins assurée, voire qu’ils s’écroulâssent (ouaaaiiis la concordance des temps) à la fin, dans les premières heures du jour d’après.

En revanche, hors de question pour Ophelia et t0ad, respectivement photographe et dessinateur officiels de la soirée, de se perdre dans les étoiles de la nuit des révolutions colorées. Il fallait que leur oeil restât aiguisé, leur main sûre, au clic et au feutre.

Et c’est avec fierté que nous pouvons vous dire que nos imagiers en chef ont parfaitement accompli leur mission, comme en témoigne cette sélection. Ophelia a shooté avec assurance, t0ad esquissé avec fermeté. Merci à eux. Ils permettent à ceux qui n’étaient pas présents mais attentifs de l’autre côté, de ressentir un peu ce que nous avons vécu lors de cette nuit extra-terrestre !

Quand à ceux qui étaient là, ils regarderont sans doute avec nostalgie ce diaporama dans quelques années : le premier bébé OWNI-NOVA est né par une très belle nuit de printemps /-)

Naissance de l’idée cosmique

Voilà, la première nuit Nova/OWNI est terminée… Rappelez-vous, il y a quelques semaines, on y croyait à peine. Julien Goetz nous racontait le 10 mars la naissance de cette belle nuit :

C’était un midi. L’hiver approchait à grand pas et OWNI avait rendez-vous avec NOVA. Du coup, forcément, on est allé se caler bien au chaud dans un lieu de ripailles, juste assez proche de la soucoupe pour ne pas se perdre au retour. Non, c’est sûr. Pas au retour. C’est au déjeuner que l’on s’est perdu. Une première rencontre autour d’une table. Un déjeuner en mode “challenge”. Non mais sincèrement… OWNI et NOVA, c’est juste fou, à l’origine. Une soucoupe rencontrant une étoile en explosion, c’est comme si cela coulait de source. Il y avait comme une évidence qui planait. Restait à l’affirmer et la rendre tangible.

Les plats défilent, quelques bouteilles se vident, on se présente, on s’explique, on se tourne autour, entre round d’observation et parade nuptiale. Oui, on aimerait bien s’échanger, croiser nos équipes, tenter des choses. Mais pas du traditionnel, pas du tout cuit / tout écrit. Pas du connu. Non, de la surprise, du déjanté, du grisant, de l’innové… Comme on sait le faire aussi bien chez OWNI que chez NOVA. Et l’idée qui tombe d’un coup, là comme ça, en plein dans nos assiettes, entre nos envies et nos hésitations : et une nuit à deux ? Oui après tout. C’est simple. Juste nous deux, toute une nuit. NOVA et OWNI. No ? Oui !

En attendant la prochaine nuit sujet, le 26 avril, faisons un récapitulatif de la soirée augmentée. Au choix : le Storify, les photos des coulisses et du studio, l’application et les podcasts…

L’application de la #nuitsujet

Réécoutez les 6 heures de live [Podcast]

L’implication des réseaux sociaux dans les révolutions du Maghreb

La communication et le marketing des révolutions

Les expériences web comme outil de lutte, ailleurs dans le monde

La prédiction des révolutions par l’open-data

Le potentiel révolutionnaire du web français

Le web est-il un outil de la démocratie ?

Story of a Storify

Rendez-vous le 26 avril pour une nouvelle nuit… d’amour forcément.

> Illustrations de t0ad pour Owni [cc-by-nc-sa]
Photos d’Ophelia Noor [cc-by-nc-sa]


Retrouvez le dossier autour de la #nuit-sujet :
Mathilde Serrell: OWNI – NOVA, Retour sur une première nuit d’amour
Pierre Alonso : Srdja Popovic communique la révolution

Tous nos articles sur les révolutions:

La Tunisie de l’ère Trabelsi/BenAli :http://bit.ly/trabelsi-tunisie

La Révolution Egyptienne : http://bit.ly/Egypte-Revolution

Zones d’ombres libyennes: http://bit.ly/libye-kadhafi

Médiatisation des révolutions: http://bit.ly/mediatisation-revolution

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Old school WTF http://owni.fr/2011/03/12/old-school-wtf/ http://owni.fr/2011/03/12/old-school-wtf/#comments Sat, 12 Mar 2011 15:15:18 +0000 laboiteverte http://owni.fr/?p=51057

Initialement publié sur La Boite Verte

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Qui a besoin de la retouche people? http://owni.fr/2010/11/24/qui-a-besoin-de-la-retouche-people/ http://owni.fr/2010/11/24/qui-a-besoin-de-la-retouche-people/#comments Wed, 24 Nov 2010 14:55:49 +0000 Valentina Grossi http://owni.fr/?p=36797 L’extrême diffusion de la retouche dans la presse people est sans doute liée à l’importance que le personnage de la célébrité aussi bien que son image photographique revêtent dans ce type de contenu éditorial. Comme Marc Lits le souligne dans son article « La construction du personnage dans la presse people »  la sublimation de la star, l’« idéal auquel le lecteur peut s’identifier », est l’une des composantes du succès de ce type de publication. Ce n’est donc pas étonnant que les images destinées aux magazines people passent de façon presque systématique par le stade de la retouche, pendant lequel certains “défauts” sont corrigés. Au cours d’une interview, Sylvain, le directeur du service photo d’un magazine français, confirme : la retouche à caractère esthétique « ça fait rêver les dames : “elle est bien conservée à son âge !”». Mais, s’il est vrai que le magazine peut être intéressé à rendre plus belles les stars afin d’attirer son lectorat, il est aussi indéniable que la retouche photo permet aux vedettes le maintien de leur capital image, par un contrôle renforcé sur celle-ci.

La construction de l’image de la célébrité – qu’elle fasse partie du star system ou du monde de la politique –  commence en réalité bien avant la retouche : « En fait, ce qui va être retouché, ça va être souvent ce qui s’appelle un “rendez-vous”, c’est-à-dire des photos posées et exclusives. C’est-à-dire que, par exemple, un comédien ou une comédienne va dire “ok, on vous accorde une séance photo d’une demi journée” (en général, c’est moins longtemps). Du coup, ça va être peut-être […] avec un styliste, avec un maquilleur, ils vont faire une séance photo avec plusieurs tenues, avec plusieurs ambiances, et, en général, le procès après le shooting c’est de faire valider les photos, c’est-à-dire qu’il y a un pre-editing qui est fait et, une fois ce pre-editing fait, ils peuvent demander (ce n’est pas systématique, même si aujourd’hui c’est quand même extrêmement répandu), ils vont demander si on peut retoucher, je ne sais pas moi… les cernes… si on peut adoucir la peu, si on peut enlever un bouton…Voilà, dans ce genre de photos, l’agence va faire effectivement retoucher les images », dit Jérôme, photographe et ex-retoucheur dans une agence photo spécialisée en people.

La retouche, précédée par l’organisation de la séance photo et du pre-editing, et suivie par l’éditorialisation qui sera faite par le magazine, n’est donc qu’une des étapes de la construction de ce type d’images, appelées en jargon « rendez-vous » ou « close-ups », lesquelles peuvent être réalisées par un photographe lié à une agence ou à un magazine. Ce type d’images, qui se différencient des photos paparazzi  par leur caractère construit – reconnaissable essentiellement par la pose du personnage – font obligatoirement l’objet d’une validation de la part de la star, et passent donc presque systématiquement par l’étape de la retouche. Sylvain le confirme : la célébrité « fait appel à un ou deux photographes pour avoir ce qu’on appelle des “close-ups”, pour avoir des photos dans sa chambre d’hôtel ou en privé ; donc, c’est intéressant pour le magazine, parce qu’ils ne vont pas avoir les photos qu’ont tout le monde. Ça permet à ce magazine d’avoir des photos exclusives, et, à elle, ça lui permet de retoucher ses photos ».

Pages 22-23, Gala n° 897, 18 août 2010. Article « Laurence Ferrari. “Mon bébé est un cadeau du ciel” », photos de Benjamin Decoin / Visual.

Pages 138-139, Elle n° 3332, 6 novembre 2009. Article « Sophie Marceau. L’amour lui va si bien », photos de Kate Barry.

Pages 48-49, Paris Match n° 3077, 7 mai 2008. Article « Nicolas et Carla Sarkozy. Un samedi ensoleillé à l’Elysée », photos de Pascal Rostain.

Une autre caractéristique de ce type de contenus éditoriaux, c’est que, à la différence des photos paparazzi, ils associent aux photos une interview exclusive de la célébrité : « souvent, un portrait posé où la personne va être vraiment mise en valeur, souvent elle est là aussi parce qu’il y a une interview derrière, et l’interview c’est un peu comme la photo qu’on va faire valider, l’interview est en général relue par la personne avant publication », explique Jérôme.

Il y a donc, dans le processus de fabrication de l’image de la star, des intérêts entremêlés : de la part du personnage célèbre, celui de préserver son image à des fins commerciales ou politiques ; de la part du magazine, celui de sauvegarder le capital image du star system, grâce auquel il crée son public, mais aussi celui de ne pas perdre la confiance de la star, avec laquelle de bonnes relations sont indispensables afin de pouvoir obtenir des interviews et des photos exclusives : « les personnalités (parce que ce n’est pas seulement les stars, ça peut être des politiques…), les personnalités ont besoin des journaux pour pouvoir s’exprimer, pour pouvoir toucher un peu l’opinion publique ou passer un capital sympathie, pour passer un message on va dire, pour véhiculer un message, et les journaux ont besoin de ces gens-là pour vendre du papier, parce que avoir de bonnes relations pour faire la couv’ avec des gens très connus, derrière lesquels tous les journaux courent, ou avoir une interview exclusive, ça risque de faire vendre plus de papier que si on a une interview de n’importe quel pinpin. C’est une espèce de cercle vicieux », dit Jérôme. Sylvain, côté magazine, confirme : « il est évident que, si on veut s’attirer les bonnes grâces d’une personne, on évite de publier des photos qui ne sont pas belles, et même des éléments qu’on ne voit pas, parce qu’il y a des choses que nous parfois on ne voit pas ; elle, elle les voit ».

Du point de vue législatif, le droit à l’image des personnes en France contribue au maintien de cet état des choses : en protégeant la vie privée, le code civil oblige les médias à stipuler des accords avec les personnalités afin d’obtenir des images qui ne relèvent pas de la sphère publique, et permet aux célébrités de les poursuivre en justice au cas où ces accords ne seraient pas respectés. Cela explique l’importance des sommes qu’un certain type de presse people, férue de photos paparazzi, verse annuellement aux célébrités en tant que dédommagement. En revanche, d’autres types de magazines, comme Paris Match ou VSD, misent moins sur ce type de scoop en lui préférant les images « contractuelles » En ce qui concerne ces derniers, d’ailleurs, il n’est pas rare qu’une photo paparazzi, qui normalement ne passe pas par la validation de la star, soit retouchée par la rédaction du magazine elle-même afin de sauvegarder l’image de la célébrité, et donc les relations avec celle-ci. C’est le cas décrit par Marc Simon, responsable du service photo de VSD, qui, en parlant d’une des photos de Ségolène Royal faisant partie du reportage paparazzi publié par Paris Match en juillet 2007, explique : « C’est une photo prise en vacances, à son insu. Si on l’avait passée, on aurait enlevé quelques, un peu, des traces de cellulite pour ne pas être désagréable. Ce sont des retouches qui peuvent se faire par correction »

La même chose vaut pour des photos provenant des agences dites “filaires” (qui normalement ne passent pas par la validation de la star ou de la personnalité politique), lesquelles peuvent aussi être retouchées dans un deuxième temps par la rédaction du magazine afin de protéger l’image de la célébrité, comme l’a montré Paris Match en gommant un bourrelet de Sarkozy sur une photo diffusée par Reuters. Pour Sylvain, rien d’inquiétant là-dedans : « on a enlevé un élément, et c’est ce qu’on appelle une retouche pour embellir une photo, le physique d’une personne. Or, ça s’est porté sur un homme politique, Sarkozy en l’occurrence, mais on oublie une chose, c’est que ça se fait depuis des années, sur la plupart des mannequins, sur la plupart des photos de toutes les vedettes du show-business : quand vous faites une photo, elle demande au photographe avec lequel elle a fait des photos (c’est pour ça qu’ils choisissent souvent un ou deux photographes) de montrer les photos, de retoucher les rides. La retouche elle est faite depuis longtemps sur les photos qu’on voit… ». Mais, de l’autre côté, lorsque la complaisance qui est accordée par le magazine à la star à des fins commerciales se déplace sur un personnage politique, la frontière entre indulgence intéressée et propagande politique tend à s’estomper. Et si, bien sûr, la retouche n’est qu’une étape du processus d’éditorialisation subi par l’image, elle peut néanmoins représenter un indicateur intéressant pour comprendre de quelle façon l’on utilise les images, et dans quel but.

Capture d’écran du site internet du Time.

Pages 60-61, Paris Match n° 3038, 9 août 2007. Article « Nicolas Sarkozy, l’été américain ».

Billet initialement publié sur Métamorphoses, un blog de Culture Visuelle

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Une image soluble dans le pétrole http://owni.fr/2010/07/09/une-image-soluble-dans-le-petrole/ http://owni.fr/2010/07/09/une-image-soluble-dans-le-petrole/#comments Fri, 09 Jul 2010 10:23:49 +0000 Béat Brüsch http://owni.fr/?p=21590 Certains observateurs, au nombre desquels je me compte, ont noté que les photographies sont de plus en plus utilisées en tant qu’illustrations par la presse. Ce distinguo ouvre le champ de la photographie de presse à des pratiques habituellement réservées à d’autres disciplines photographiques. Cela ne va pas sans grincements, car les règles du jeu ne sont pas toujours connues et il arrive même qu’elles varient en cours de partie. Chaque nouvelle « affaire » nous arrache un soupir accablé qui se prolonge à la lecture des commentaires de certains blogs. L’incident de retouche qui défraie la chronique de ces derniers jours dans le monde anglophone ne dément pas cette impression de déjà vu. Nous avons, d’un côté, une presse qui prend certaines libertés avec la « sacro-sainte » vérité des photographies et de l’autre, des lecteurs qui, tels des vierges effarouchées, s’étranglent de dépit en se répandant en considérations naïves sur les trahisons des journalistes.

Il serait temps de clarifier le statut des images de presse à l’aune des pratiques récentes. On a dit et redit que les images ne représentent, au mieux, que ce que le contexte autorise. Le contexte n’est pas seulement constitué des éléments entourant la prise de vue, ses effets se poursuivent dans les conditions éditoriales. Il me semble que le public contemporain devrait être apte à comprendre qu’une photo illustrant une couverture de magazine est souvent à prendre comme une image servant en premier lieu à vendre ledit magazine. La profession journalistique est ici fautive de ne pas communiquer sur la différence entre images à caractère publicitaire et images au caractère documentaire incontestable. C’est le noeud du problème. La profession à trop longtemps – et jusqu’à l’usure – proclamé son objectivité. Forte de cette aura, elle ne peut plus maintenant nuancer cette affirmation. Elle y retrouverait pourtant une certaine crédibilité… si cela se peut encore.

Le scandale de l’image retouchée d’Obama

L’affaire, donc… L’édition du 19 juin du magazine britannique The Economist présente, en couverture, une photo du Président Obama pensif, seul, sur une plage de Louisiane ensoleillée avec, à l’horizon, une plateforme pétrolière.

Le journaliste du New York Times (NYT) Jeremy W. Peters a découvert la photo originale de Larry Downing (pour Reuters ) et en fait part sur son blog le 5 juillet. Sur cette image, on voit que le Président Obama n’était pas seul. Il était accompagné de Mme Charlotte Randolf, responsable d’une paroisse locale et de l’amiral Thad W. Allen des Coast Guard. Tous les deux ont été « éliminés » en postproduction, l’un par recadrage et l’autre par effacement.

Rapidement, le blog du NYT fait une mise à jour en publiant un e-mail reçu de l’éditrice Emma Duncan, responsable de la parution de cette image au The Economist. Elle y affirme, en substance, que « Mme Charlotte Randolf a été effacée de l’image pour ne pas dérouter le spectateur par la présence d’une personne inconnue et que ce n’est pas la première fois que The Economist modifie des photos de couverture. Nous ne voulons pas tromper le lecteur. Nous voulions centrer le sujet sur M. Obama, mais pas dans le but de le montrer isolé. Le sujet de l’histoire n’est pas le dommage causé à M. Obama, mais au business des USA. » ]

Assumer les choix éditoriaux

Petite nouveauté, cette fois : la rédaction fautive ne cherche pas à nier en s’enfonçant dans le ridicule comme l’avait fait Paris Match avec les bourrelets présidentiels. Mais il faut dire aussi que la rédaction du The Economist s’est fait prier : sollicitée quelques jours avant la parution du billet sur le blog du NYT, elle n’a pas cru bon de réagir et ne s’est expliquée qu’une fois le billet paru. Les explications de Mme Emma Duncan sont maladroites et surtout incomplètes. À quand un exposé clair des considérations qui président à ces choix éditoriaux ? Pourquoi ne pas affirmer clairement qu’une image de couverture de magazine peut être fabriquée pour mieux porter une idée ? Le désir d’une image épurée est certes une très bonne raison pour opérer une retouche, mais dire que cela contribue aussi à mieux vendre – car une image simple, plus facile à décoder, est aussi plus vendeuse ! – serait un complément utile.

Comme on a déjà pu le remarquer, j’ai une conception assez libérale des pratiques de retouche. Celle dont nous parlons ici ne me choque pas plus que d’autres. Je pense que cette image de couverture est plutôt bonne et illustre bien l’idée d’un président fort préoccupé par le problème causé par cette gigantesque fuite de pétrole. Que la photo originale ait été différente ne me choque pas plus que cela. Ce qui me choque, c’est qu’on ne joue pas cartes sur table en ne nous disant pas tout sur le statut de cette image.

Communiquer sur sa politique d’image

Pourtant, The Economist n’en est pas à sa première couverture mettant en scène le Président Obama de façon illustrative, on en trouve plusieurs de ce type sur internet. Ces couvertures sont plutôt bien perçues, car en général, les éléments contenus dans l’image ne laissent aucun doute sur son aspect conceptuel. Souvent le président est replacé sur un fond non photographique. Avec le Golfe du Mexique, le fond était « trop beau » et l’ensemble correspondait parfaitement au concept voulu. On aurait pu le produire plus artificiellement, de manière à dénoter l’aspect fabriqué, mais cela aurait été moins efficace (tant du point de vue d’une « image-idée » que d’un point de vue « vendeur »).

Ne pas communiquer sur sa politique d’image et en particulier pour celles qui peuvent prêter à discussion, c’est infantiliser le lecteur. Il serait pourtant simple de mentionner – cela se fait dans certains magazines – une signature du genre « image réalisée avec trucage ». Plus généralement, on devrait pouvoir trouver dans l’impressum de chaque organe de presse une déclaration claire et complète de sa charte des images. Les organes de presse doivent cesser de se cacher derrière l’intangibilité d’une vérité photographique à laquelle plus personne ne croit. Il faut exposer aux lecteurs les contextes de parution des images. Ce double langage qui, d’un côté, prône tout un fatras de fausses vérités liées aux images, et de l’autre, est régulièrement pris en défaut dans la pratique est contreproductif. En entretenant ces déclarations de vérité, la presse rend tous ses dérapages encore bien plus insupportables.

Les commentaires sur le blog du NYT sont, à ce titre, exemplaires. Majoritairement contre cette retouche, beaucoup dénotent une forte déception, une vraie trahison de la part des journalistes. (Le fait que The Economist soit d’origine britannique, tout comme la société BP, ajoute une dimension au débat.) Comme souvent dans ce genre d’affaires on tombe sur quelques commentaires faisant le parallèle avec les trucages de photos staliniennes. C’est une sorte de point Godwin du domaine de la retouche photo ;-) Je rappelle à ces rescapés d’un autre âge que 1) les personnages supprimés des photos staliniennes l’étaient en général aussi physiquement, ce qui donne un certain vertige à ces retouches-là, et 2) que des ressources spécialisées disposent d’un arsenal bien plus élaboré d’exemples et de propos sur la retouche.

Détail piquant : sur le blog du NYT, aucun commentateur, sauf un, ne s’est étonné de l’effet de téléobjectif faisant apparaitre une plateforme pétrolière comme très proche du rivage alors qu’en réalité elles en sont fort éloignées. Un commentateur relève qu’il s’est rendu des centaines de fois sur les côtes de Louisiane et n’y a jamais vu de plateformes pétrolières. Soit les gens connaissent bien cet effet optique et l’acceptent, soit ils pensent que les plateformes sont réellement tout près du rivage. Mais dans les deux cas, il faut reconnaitre qu’il s’agit d’une sérieuse déformation de la réalité. Et que de montrer le président Obama si proche d’une plateforme est peut-être tout aussi mensonger que de le montrer seul sur cette plage… À moins que les artifices dûment enregistrés par les appareils photo ne soient moins condamnables que ceux réalisés en postproduction ?

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Billet originellement publié sur Mots d’Images.

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Flickr, je suis ton père http://owni.fr/2010/04/21/geek-specialise-es-stormtroopers-flickr/ http://owni.fr/2010/04/21/geek-specialise-es-stormtroopers-flickr/#comments Wed, 21 Apr 2010 15:46:07 +0000 Admin http://owni.fr/?p=12718

LeGuillaume et darksabine ont joué #lesinfiltres chez Stéfan

Sous le masque d’un honnête père de famille des environs de Nantes se cache en fait un geek mordu de  Stormtroopers (les soldats de l’Empire galactique dans la Guerre des étoiles, en non geek) : les fans auront reconnu Stéfan, l’auteur de la série Stormtroopers 365, utilisée sans parcimonie par Owni (toutes ces belles images en CC sur Flickr, on aurait tort de s’en priver…) Un projet de publication quotidienne d’une nouvelle photo “à teneur garantie en Stormtroopers”, pendant un an. “Des figurines Hasbro, pas des vrais Stormtroopers car je n’en connais pas personnellement”, précise-t-il. Car l’homme a de l’humour, comme vous pourrez le constater dans cet entretien.


D’où te viens ce penchant pour les stormtroopers : tu as été biberonné à Star wars ?

C’est plutôt un intérêt qui est venu progressivement, et pas vraiment un attachement par nostalgie, puisque j’ai peu de souvenirs d’enfance liés à Star Wars. Je suis né en 1979 donc juste quelques années trop tard pour être au bon âge, à la bonne époque, pour vivre en direct les sorties successives des trois premiers films et tout le raz-de-marée Star Wars qui a accompagné les films (et qui a donné naissance à des trucs absolument géniaux, comme la chorégraphie diffusée par Michel Drucker en 1977, avec des C3PO et des Dark Vador qui s’affrontent en dansant).
Je me souviens vaguement avoir vu les films à la télé quand j’étais petit ; à l’époque c’est surtout quelques grosses scènes d’action qui m’ont marqué, comme les combats avec les TIE Fighters, ou l’attaque de la base Rebelle sur Hoth avec les walkers, au début de L’Empire contre-attaque. Mais je pense que je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire sur le moment.

En tout cas, enfant, je n’ai pas baigné dans les produits dérivés ; j’étais plutôt dans un trip GI Joe et Mask, sûrement à cause du Club Dorothée. En fait j’ai commencé assez tard à vraiment devenir fan de Star Wars (c’est-à-dire à commencer à connaître les noms des personnages non nommés dans les films, par exemple). Je dirais que ça a commencé aux alentours des années lycée. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être grâce à la resortie des épisodes IV, V, VI au cinéma en 1997. J’ai eu une période Chewbacca (dont je suis toujours fan). Je pense que les années suivantes, avec en particulier la sortie de la nouvelle trilogie, ont contribué à ce que je m’y intéresse de plus en plus.

Parvenue progressivement au petit Stéfan la force est

Quand as-tu commencé ces mises en scène ?

C’était début avril 2009. La première photo de la série a été publiée le 3 avril. Ce n’était pas vraiment prémédité ; je savais que j’avais envie de faire sur Flickr une série un peu construite, avec un thème imposé ou des règles, mais l’idée de faire une série sur un an avec des figurines de Stormtroopers est venue assez brusquement.

Apprécies-tu le travail d’autres personnes qui font le même genre de mise en scène, par exemple Mike Stimpson (alias Balakov sur Flickr)?

Oui, j’apprécie beaucoup les photos de Mike Stimpson. Une des raisons qui m’ont amené à choisir le sujet des Stormtroopers, ce sont des photos à base de figurines Star Wars que j’avais déjà vues, principalement sur Flickr. Je crois que j’avais déjà vu quelques photos de Mike/Balakov avant de commencer, mais ce qui m’a vraiment donné envie d’essayer c’est d’une part la série Stormtroopin’ de DrBeef, et d’autre part le projet Year of the Fett par Gareth Payne, qui était environ à mi-parcours quand j’ai commencé. Ensuite j’ai découvert, notamment par les groupes Flickr gravitant autour de Star Wars, d’autres excellentes photos sur les mêmes sujets, comme celles de JD Hancock. Il y a également Powerpig qui fait des trucs absolument géniaux avec des écureuils et des figurines Star Wars.

Stéfan et la grande communauté des photographes fans de Star Wars

J’ai d’ailleurs été assez surpris de certains commentaires de visiteurs qui me disaient que mes photos étaient les meilleures photos de jouets Star Wars qu’ils avaient vu sur Flickr. Il y en a énormément d’autres qui sont bien meilleures. Il y a même des gens qui semblent croire que j’ai inventé le concept de la photo de figurine de Stormtrooper, alors que tout le monde sait que c’est Léonard de Vinci qui l’a inventé. C’est assez injuste finalement.

Comment se font les échanges avec ta communauté de fans ?

Principalement par les commentaires sur Flickr. En cours de projet j’ai mis en place un fil Twitter et une page Facebook pour faciliter le suivi de la série pour les personnes qui préfèrent utiliser ces outils, mais j’ai conservé l’essentiel de l’interactivité sur Flickr. Je trouve que c’est plus simple et convivial si tous les échanges sont concentrés sur un même espace.

J’essaie de répondre systématiquement aux commentaires qui appellent une réponse. J’aurais aimé pouvoir aussi répondre aux autres commentaires ; j’essayais de le faire régulièrement au début, mais sur les derniers mois j’ai été obligé d’arrêter, par manque de temps.

We are what we share

Quel usage est fait de tes photos ?

Il y a quelques blogs ou sites de magazines en ligne qui en ont republié certaines, pour faire connaître la série. J’en vois aussi de temps qui sont utilisées comme illustrations d’articles de blogs sur différents sujets (pas nécessairement en rapport avec Star Wars) ; quelques personnes m’ont également demandé l’autorisation d’en utiliser pour illustrer des diaporamas réalisés dans le cadre de leurs études. Je trouve ça super, que ces photos qui j’ai réalisées pour m’amuser puisse servir à d’autres personnes. C’est la raison pour laquelle je les publie sous licence Creative Commons.

On trouve d’autres geekeries liées à l’enfance dans ta galerie : des playmobils par exemple, qu’est-ce qui te fascine dans cet imaginaire ?

Je pense que tout le monde adore les jouets mais que certains ont honte de l’avouer et préfèrent, à la place, fumer des cigarettes (par exemple).

As-tu quelques statistiques sur ta galerie: combien de photos/albums ?

J’ai 3456 photos publiques au moment où je réponds à cette question. Dont environ 10% avec des Stormtroopers.]

Tous les chemins mènent à l'enfance

Quels sont les secrets de fabrication de tes scènes ?

Il n’y a pas vraiment de secrets de fabrication, je suis un pur amateur qui n’y connait absolument rien en appareil photo ou en éclairage, même aujourd’hui je pense que je serais incapable d’expliquer clairement ce qu’est une focale. L’éclairage des photos a été essentiellement réalisé avec une lampe de bureau que j’ai dû payer une dizaine d’euros il y a quelques années.

Quant à l’inspiration, pour la série Stormtroopers 365, il y a différentes sortes d’idées. Celles qui mettent les Stormtroopers face à des objets de notre monde à nous ; dans ce cas l’inspiration vient simplement des objets eux-mêmes : en les voyant, je me dis “qu’est-ce qui pourrait se passer d’amusant si des Stormtroopers de dix centimètres rencontraient ce machin ?”. D’autres photos jouent plutôt sur les références à Star Wars, comme la série de la recherche des droïdes que nous recherchons. Il y a également des références à d’autres films, comme Retour vers le futur, Gremlins, etc. Finalement, l’inspiration vient donc d’un peu tout ça : des ustensiles de cuisine et des références de pop-culture légèrement orientées 80’s.

Nous avons cuisiné Stéfan pour qu'il livre ses secrets.

Tes légendes et les titres de tes photos en anglais témoignent d’une très bonne maîtrise de la langue, d’où te vient-elle ?

J’ai juste le niveau d’anglais de quelqu’un qui a fait anglais LV1 du collège au lycée.

D’ailleurs au passage un petit message à l’attention de vos plus jeunes lecteurs : l’anglais est probablement la seule matière que vous pourrez utiliser dans vos loisirs (jeux vidéo, Internet, films, musique…), donc écoutez bien vos professeurs d’anglais, même si vous êtes dans une filière scientifique (comme moi).

Honnêtement je ne pense pas que ma série aurait eu autant de succès si je l’avais faite avec des titres et commentaires en français. Surtout depuis que buzz se dit ramdam.

Quand j’ai commencé la série, j’aurais aimé être plus à l’aise avec l’anglais pour développer un peu plus les légendes des photos ; sur la série Year of the Fett par exemple, j’adore les dialogues, mais je suis incapable de faire la même chose, ça demande vraiment de parler couramment la langue pour que le texte paraisse naturel et crédible.

Mais avec le recul, je me dis aussi que finalement, le fait de ne pas pouvoir utiliser le texte autant que je voudrais m’a obligé à faire des photos auto-suffisantes, qui n’ont pas nécessairement besoin d’une légende pour être comprises. Ce qui est peut-être plutôt pas mal, finalement.

Quel regard porte les “non-geeks” sur ton travail ?

Quelques personnes m’ont avoué par leurs commentaires avoir apprécié mes photos de Stormtroopers alors qu’elles détestaient Star Wars. Mais c’était peut-être des trekkies infiltrés (fan de Star Trek, NDLR), donc pas des non-geeks, juste une autre faction de geeks.

Ceci dit, à mon avis, la série est beaucoup plus intéressante quand on connait Star Wars, il y a pas mal de photos qui contiennent des références aux films (sans parler des Stormtroopers eux-mêmes).

Merci Stéfan

As tu une idée de la suite à donner à ton travail (merchandising…) ou as-tu fait ça uniquement pour le fun ?

J’ai fait des calendriers 2010 parce que plusieurs personnes le demandaient, mais je n’ai pas vraiment de projets plus développés en la matière. De toute façon, je pense qu’au niveau juridique c’est limité, la propriété intellectuelle des personnages appartenant à Lucasfilms. Et puis le but n’était pas de gagner de l’argent mais de faire quelque chose qui m’amuse tout en amusant quelques autres personnes.

Tu nous prépares une nouvelle série ?

J’ai une idée mais pour le moment c’est top secret ; tout ce que je peux dire c’est que ce sera quelque chose de moins ambitieux qu’un projet sur un an.

Interview par Guillaume Ledit et Sabine Blanc

Le galerie Stormtroopers 365 sur Flickr

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