OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les emplois au pifomètre du gaz de schiste http://owni.fr/2012/10/08/les-emplois-au-pifometre-du-gaz-de-schiste/ http://owni.fr/2012/10/08/les-emplois-au-pifometre-du-gaz-de-schiste/#comments Mon, 08 Oct 2012 14:02:09 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=121895

Voici deux mois qu’industriels et éditorialistes défendent le gaz de schiste à l’aide de promesses d’emplois complètement fantaisistes. Le “gisement de 100 000 emplois” que représenterait l’exploitation de ces hydrocarbures profonds est le deuxième argument favori (après l’indépendance énergétique) pour balayer d’un revers de calculatrice les risques environnementaux et sanitaires des méthodes brutales d’extraction qu’elle nécessite (la fracturation hydraulique). Mais si les réserves ont été évaluées à l’aide de méthodes et de données géologiques professionnelles, le potentiel social de cette industrie l’a été avec un outil mathématique de niveau CM2.

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Prédire l’avenir avec une règle de trois

L’évaluation la plus populaire sous nos climats éditoriaux est l’œuvre d’un rapport livré par la société Sia conseil. Cabinet de consulting en management, Sia compte parmi ses plus gros clients GDF Suez, partenaire de Schuepbach LLC sur deux permis d’exploration pour les gaz de schiste en France et leader du secteur. Son logo apparaît par ailleurs discrètement en pied de page de Gas in focus, “Observatoire du gaz naturel” autoproclamé, coédité par GRT Gaz, filiale à 75% du géant français des bonbonnes de propane.

Pour arriver à un bénéfice de 100 000 emplois directs et indirects grâce aux gaz de schiste, la société part d’un calcul savant portant sur les trois principaux permis du Sud de la France :

Le nombre de forages par concession ne peut pas excéder 30 forages de puits par an. Pour mémoire, aux Etats-Unis, certaines zones comportent plusieurs milliers de puits. Après avoir déterminé le profil de production d’un puits type, nous avons ensuite appliqué les niveaux d’emploi observés aux Etats-Unis sur les deux périodes de vie d’un puits : sur les trois premières années (forage), 13 personnes par puits sont nécessaires ; sur les vingt années suivantes (exploitation), il suffit de 0,18 personnes par puits. Les emplois indirects et induits représentent 1,52 emploi par puits. Nous avons retraité cette moyenne américaine des horaires de travail en France (2 080 heures annuelles aux Etats-Unis contre 1 650 en France, soit un facteur de 1,26).

Conclusion : la totalité des trois concessions représenterait un potentiel de 10 000 emplois à l’horizon 2010. Jusque là, l’analyse est fine et, sinon incontestable, efficacement argumentée.

Quand soudain, peut-être usés par la quantité de statistiques sociales brassées pour savoir combien de foreurs iraient percer le plateau du Larzac, les experts de Sia rangent leurs tableaux Excel et dégainent leur Casio :

Généralisées à la totalité des ressources françaises, ces exploitations créeraient 100 000 emplois d’ici 2020 dont 40 000 emplois industriels directs, dans une hypothèse maintenant les conditions d’exploitation retenues.

Le calcul n’est pas précisé mais nous avons pu reconstituer la formule ayant permis cette conclusion :

10% x Gaz de schiste en France = 10 000 emplois
Gaz de schiste en France = 10 000 emplois x 1/10% = 100 000 emplois

En d’autres termes, les experts de Sia conseil (jugeant que toutes les extractions de gaz de schiste sont les mêmes) se targuent de prédire l’avenir avec une règle de trois.

Fact checking

Si elle peut sembler “de bon sens”, cette idée selon laquelle “un puits est un puits” est techniquement fausse : piégé dans les roches de schiste, le gaz du même nom peut se trouver en fines couches entre 2 000 et 3 500 mètres de profondeur selon les bassins. Difficile d’imaginer qu’avec plusieurs centaines de mètres de différence, il faille autant de temps et de personnel pour forer à ces différents niveaux, selon qu’on soit en Languedoc ou en Lorraine. Et pour cause.

L’argument selon lequel les gisements seraient tous pareils sur le plan de l’emploi ne survit pas longtemps à l’analyse de l’exploitation effective des gaz de schiste aux Etats-Unis. Si la règle de trois employée par Sia conseil était juste et puisqu’elle se base sur les emplois nécessaires pour exploiter les ressources, le nombre d’emplois créés devrait être proportionnel à la production de chaque Etat.

En croisant les chiffres de production de l’Agence d’information sur l’énergie américaine et les calculs d’emplois par Etat de l’institut IHS, il apparaît clairement que les deux chiffres sont totalement décorrélés : avec deux fois moins de production, la Pennsylvanie revendiquait en 2010 près de deux fois plus d’emplois que l’Arkansas. Les deux Etats affichent cependant un bénéfice social combiné inférieur au Colorado… qui a extrait mille fois moins de gaz de schiste qu’eux en 2010 !

Autrement dit, la règle de trois s’avère un outil plutôt difficile à appliquer à une industrie dépendante d’une somme de facteurs aussi large que l’énergie.

Cela n’a cependant pas empêché cette estimation de se répandre comme une traînée de poudre, ni d’autres du même calibre mathématique. Le groupement patronal britannique Institute of Directors a ainsi fait sensation le 21 septembre en annonçant un potentiel de 35 000 emplois dans l’exploration-production des gaz de schiste. Le rapport Britain’s shale gas potential sur lequel repose ce coup de com’ expose cependant clairement sa méthode pour arriver à ce chiffre à partir d’une estimation d’une hausse de 8 % de la production grâce à ces hydrocarbures :

L’industrie gazière et pétrolière britannique assure directement et indirectement l’emploi de 440 000 personnes. En supposant que l’emploi soit directement proportionnel à la production, alors une hausse de 8 % de la production de 2011 générerait un gain de 35 000 emplois, aidant à contrecarrer les pertes liées au déclin de la production conventionnelle de pétrole et de gaz au Royaume-Uni.

Ce postulat du “tous pareils” est également à l’origine de deux estimations du think tank Iref Europe. L’auteur de l’article, qui présente un potentiel de 42 000 à 62 000 emplois, a cependant l’honnêteté de reconnaître “les limitations statistiques” de la règle de trois.

Promesses

Avant la mise en exploitation des grands gisements du Nord-Est et du Sud des Etats-Unis, des promesses d’emplois toutes aussi alléchantes avaient été formulées par les industriels. En mai 2011, un rapport était repris par le quotidien Patriot News estimant à 48 000 emplois le nombre d’embauches réalisées en 2010 grâce au développement des gaz de schiste en Pennsylvanie. Signé par le département Travail et Industrie de l’Etat, le document semblait au dessous de tout soupçon.

Le mirage social du pétrole guyanais

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Défendue par les élus locaux et la compagnie Shell à coup de chantage à l'emploi, l'extraction de pétrole au large de la ...

A ceci prêt que le terme d’embauche n’est pas synonyme de “création d’emploi“, une nuance relevée par l’institut Keystone, dans le même rapport ! Les “embauches” remplacent en effet parfois des départs en retraite, des licenciements ou des démissions, sans augmenter le nombre total d’emplois pourvus dans la zone. Le bénéfice “réel” pour l’emploi serait en fait de 10 000 personnes sur trois ans (2008 à 2010), ce qui pèse pour moins de 10% de la hausse de l’emploi industriel dans l’Etat, selon la même source.

Avec plus de 24 000 emplois directs au 2e trimestre 2012 dans les industries extractives, la France dispose déjà de professionnels dans les différents corps de métier nécessaires au développement des gaz de schiste. Comme pour la Guyane, de nombreuses opérations de prospection sismique ou de forage mobilisent pendant un temps limité des équipes de spécialistes qui repartent aussitôt le travail fini avec leur coûteux matériel, sans créer d’autre richesse sur le territoire que celle liée à leurs besoins quotidiens.

De quoi sauver une filière, peut-être. Mais pas de quoi s’attendre à un autre boom que celui qui fait trembler le sous-sol lors de la fracturation hydraulique.


Photo par Arimoore [CC-by-nc-sa] via Flickr

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Le who’s who interactif du gouvernement http://owni.fr/2012/05/17/le-whos-who-interactif-du-gouvernement/ http://owni.fr/2012/05/17/le-whos-who-interactif-du-gouvernement/#comments Wed, 16 May 2012 23:35:41 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=110499 Owni met en ligne le trombinoscope interactif du nouveau pouvoir. Cliquez sur cette image et découvrez le C.V détaillé de chaque membre de ce premier gouvernement Hollande. Faites apparaître leurs réseaux d'affinité, selon leurs études, leur ancrage local, leur génération et leur rôle dans la campagne présidentielle. Sans perdre de vue les casseroles et les médailles de chacun. Tout un gouvernement déchiffré. ]]> Toutes les vies du nouveau gouvernement, toutes ses identités, réunies en une seule application interactive, ci-dessus. Image cliquable, riche des passés de chacun, de leurs études, de leurs savoirs, de leur habilité politique, de leurs mandats, de leurs alliances, de ces projets qu’ils servent ou qu’ils trahissent. De leurs bons et mauvais côtés. Un who’s who sans chiqué du premier gouvernement Ayrault.

Les titres de gloire et les mauvaises actions agrégés, comme dans la vraie vie, répertoriés derrières les pictogrammes “casseroles” et “médailles”. Un trombinoscope interactif qui met en évidence les trajectoires du Premier ministre et des 34 nouveaux ministres, ministres délégués et secrétaires d’État ; pour déceler les biais de leurs futures réussites ou les raisons de leurs prochains revers.

Sélectionnez les critères : la génération (les moins de 40 ans, les plus de 60 ans) ; les écoles (ENA, Université de Toulouse, Science Po), les ancrages locaux (Paris, le Nord, l’Aquitaine) ; la présence dans l’équipe de campagne d’Hollande, l’expérience gouvernementale… De quoi passer au crible la physionomie des nouveaux maîtres de l’exécutif.

En quelques jours, ce travail a été numérisé par les développeurs Christophe Khaldi, Abdellilah el Mansouri, Tom Wersinger et Lucas Heymès, il a été dessiné par le directeur artistique Loguy, aidé d’Ophelia Noor ; il a été conçu et piloté par Marie Coussin, Anne-Lise Bouyer, Nicolas Patte, Julien Goetz et Sylvain Lapoix, enrichi par Claire Berthelemy, Rodolphe Baron, Pierre Leibovici, Thomas Deszpot et Florian Cornu /-)

N’hésitez pas à compléter votre lecture en visitant les autres trombinoscopes réalisés par nos confrères, en particulier celui de Rue89, celui de France Info, ou celui du Monde, ou encore celui du Télégramme.

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Le grand (petit) emprunt (dé)chiffré http://owni.fr/2012/05/02/le-grand-petit-emprunt-dechiffre/ http://owni.fr/2012/05/02/le-grand-petit-emprunt-dechiffre/#comments Wed, 02 May 2012 16:27:39 +0000 Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=108660 OWNI.]]>

L‘écart entre les deux finalistes se resserre dans le classement du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des candidats à l’élection présidentielle. En répétant à l’envi des chiffres (corrects) sur le score de ses prédécesseurs à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy gagne deux points en une semaine et atteint 45,6% de crédibilité. Avec 56,3% de crédibilité, François Hollande mène toujours la danse.

Ces dernières 48 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 39 citations chiffrées des candidats retenus au second tour de l’élection présidentielle. Ainsi que leurs argumentaires de campagne, qui regorgent de données. A l’image du tract socialiste décrypté la semaine dernière, OWNI vous propose une analyse de l’un des nombreux chiffres qui ponctuent la Lettre aux Français de Nicolas Sarkozy, celui du montant des “investissements d’avenir”. Et des artifices de communication qui l’accompagnent.

Parlement évincé

Trois ans durant, la communication gouvernementale s’est échinée pour “le vendre”. Lancé en 2009 en pleine période de crise, le “Grand emprunt” fait partie de ces mesures que Nicolas Sarkozy a voulu marquer d’une pierre blanche. Depuis, l’emprunt géant a été rebaptisé “Investissements d’avenir”. Des investissements qui restent un thème central de la “Lettre aux Français” du président-candidat :

Investissements d’avenir 2007 – 2012 : 22 milliards d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche est plus mesuré. Une plaquette de présentation de son budget pour 2012 mentionne que les investissements d’avenir représentent 20,6 milliards d’euros pour ces deux domaines. Une somme amenée à être répartie par des “opérateurs”, c’est-à-dire des établissements publics parmi lesquels l’Agence nationale de la recherche (ANR), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ou encore l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA).

Premier constat : le Gouvernement se fait très silencieux sur la traçabilité des fonds transférés. D’après l’annexe du Projet de loi de finances (PLF) pour 2012 sur la mise en oeuvre et le suivi des investissements d’avenir :

En 2010, les 35 conventions ont été signées entre l’État et les opérateurs ce qui a permis de transférer l’intégralité de l’enveloppe des 34,64 Md€ [montant total alloué dans le cadre des Investissements d’avenir, NDLR] sur les comptes ouverts au Trésor des opérateurs au 31/12/2010.

Les opérateurs ont donc bel et bien reçu des fonds de la part du Gouvernement sur un compte bancaire, ouvert au Trésor. Mais pour savoir où ces fonds ont été transférés, la situation est plus compliquée. Un an plus tôt, le rapport sur la mise en oeuvre et le suivi des investissements d’avenir, annexé cette fois-ci au PLF 2011, précisait d’ailleurs que :

Les opérateurs (…) assureront la gestion [des crédits] dans la durée, tout au long du processus d’instruction, de sélection des projets, de leur mise en œuvre et de leur évaluation. Il n’y aura donc plus de crédits relatifs aux investissements d’avenir sur le budget de l’État à compter de l’année 2011.

Autrement dit, en votant la loi de finances pour 2011, le Parlement a accepté le versement des fonds sur le compte des opérateurs tout en renonçant à son droit de regard sur la destination de cet argent. Cet état de fait, la Cour des comptes l’a vivement dénoncé dans son dernier rapport sur la gestion budgétaire de l’Etat :

Ce programme exceptionnel [les Investissements d’avenir, NDLR] a été mis en place par l’intermédiaire d’un montage particulièrement hétérodoxe au regard des principes budgétaires. En outre, ces crédits ont été exclus du périmètre sur lequel est apprécié le respect de la norme d’évolution des dépenses de l’État. Ainsi conçu, le mécanisme des investissements d’avenir affectera durablement la lisibilité du solde budgétaire.

Au rang des problèmes induits par ce manque de transparence vient d’abord le financement de projets anciens par de nouveaux moyens. Des moyens, écrit la Cour des Comptes, qui financent parfois “des opérations antérieurement annoncées mais qui n’avaient pas obtenu de financements” et même qui remplacent “des crédits budgétaires annulés en gestion 2010 ou devant être réduits en 2011″.

L’absence de contrôle par le Parlement des crédits alloués pose également un problème d’équité territoriale. Le Programme “Investissements d’avenir” prévoit en effet de créer “5 à 10 initiatives d’excellence”. Soit 5 à 10 pôles sur le territoire métropolitain, concentrant une université, des centres de recherche et des entreprises.

Extrait de la plaquette du grand emprunt (cliquez our télécharger le PDF)

Extrait de la plaquette Grand emprunt (cliquez sur l'image pour télécharger le PDF)

Une situation décriée par le collectif “Sauvons l’université”, dans une lettre parue le 22 juin 2011 :

Est-il légitime, sans aucune consultation politique, de sélectionner une poignée de ces universités pour leur donner moyens et notoriété aux dépens des autres établissements de même nature ? (…) Telles sont les questions que la procédure du Grand Emprunt permettait soigneusement d’éviter. Des appels d’offre – à l’apparence objective et aux allures d’élitisme républicain – sont venus se substituer à une consultation nationale sur le rôle de l’Université ainsi que sur son implantation territoriale.

Des milliards pas encore dépensés

Au-delà de la traçabilité des crédits, c’est la nature même des fonds alloués qui pose question. Sur les 34,64 milliards d’euros que représentent les investissements d’avenir, une partie importante – 15,03 milliards – est en effet non consommable. En d’autres termes, l’Etat a placé cette somme sur un compte bancaire et seuls les intérêts issus de ce placement pourront être “consommés” par les opérateurs. Le tout, à un taux de 3,4 %.

Se défendant de spéculer sur les marchés financiers, le Gouvernement se montrait à l’époque très optimiste. Il tablait alors, comme l’indique le rapport du sénateur Philippe Marini daté du 9 février 2010, sur un déblocage de fonds issus du Grand emprunt de l’ordre de :

4 milliards d’euros par an de 2010 à 2014.

Qu’en est-il aujourd’hui ? A l’occasion du Conseil des ministres du 25 avril dernier, François Fillon a affirmé que dans le cadre du Programme “Investissements d’avenir” :

Près de 900 projets ont été sélectionnés à ce stade, pour plus de 25 Md€ d’engagements.

25 milliards d’euros engagés. Mais pas décaissés. C’est-à-dire toujours en sommeil sur des comptes bancaires.

Selon un rapport parlementaire sur les financements extrabudgétaires de la recherche et de l’enseignement supérieur publié en décembre dernier, seul 1,6007 milliard d’euros avait été effectivement décaissé au titre des “Investissements d’avenir” au 30 septembre 2011. Contacté par OWNI, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche n’a pas été en mesure de fournir de données plus récentes.

Les “22 milliards d’euros pour l’enseignement supérieur et la recherche” vantés dans la Lettre aux Français s’en trouvent, quoiqu’il en soit, nettement nuancés.


Illustration véritomètre par Loguy pour Owni /-) Illustration grand emprunt par Jean Carlu via la galerie Flickr de Kitchener Lord [CC-byncnd]

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Bayrou surtaxe la France http://owni.fr/2012/04/20/bayrou-surtaxe-la-france/ http://owni.fr/2012/04/20/bayrou-surtaxe-la-france/#comments Fri, 20 Apr 2012 16:45:02 +0000 Grégoire Normand http://owni.fr/?p=107108 OWNI. Deux jours avant le premier tour, le candidat du Modem est avant-dernier au classement OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle.]]> À deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, l’équipe du véritomètre a décidé d’arrêter la publication de ses vérifications des déclarations des six principaux candidats pendant le week-end. Le classement, qui ne bougera pas jusqu’à lundi, met en lumière la crédibilité des six candidats après deux mois de vérifications.

Seuls trois candidats dépassent la barre des 50 % : Jean-Luc Mélenchon, en tête depuis plusieurs semaines avec 63,3 % ; Eva Joly qui chute légèrement sur la dernière ligne droite, à 58,7% ; et François Hollande qui se stabilise à 54,5 %.

Le bas du classement se joue par contre dans un mouchoir de poche : Nicolas Sarkozy conserve la dernière place avec 43 %, François Bayrou passe avant-dernier avec 44,7 % et Marine Le Pen se classe quatrième avec 44,9 %.

Durant ces toutes dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 35 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Bayrou surclasse la France

François Bayrou exagère la fiscalité des Français dans le classement européen. Lors de son passage à l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, mardi 17 avril, il a estimé que :

La France est le pays d’Europe qui paie le plus d’impôts.

Un superlatif qui donne tort au candidat du Modem. L’étude “Tendances de la fiscalité dans l’Union européenne (UE)“, publiée en juillet 2011 par la Commission européenne, précise que l’ensemble des impôts en France représente 41,6 % de son PIB en 2009 (dernières données disponibles). Ce qui classe la France au septième rang des pays de l’Union européenne qui payaient “le plus d’impôts”, loin derrière la première place proclamée par François Bayrou.

L’Afghanistan divise Sarkozy et Hollande

La guerre en Afghanistan a rarement été évoquée dans les débats de la présidentielle. Face à ce vide, le journaliste Jean-Jacques Bourdin a interrogé cette semaine Nicolas Sarkozy et François Hollande sur le nombre de soldats français morts en Afghanistan depuis 2001.

Dans l’émission du mercredi 18 avril, le président-candidat a déclaré :

Il y a eu 80 soldats tués en Afghanistan.

Alors que le candidat du parti socialiste affirme le lendemain dans la même émission :

On a perdu 83 soldats en Afghanistan.

Ces deux estimations sont proches, mais c’est François Hollande qui détient le chiffre exact, confirmé par le Ministère de la Défense : 83 militaires français sont morts en Afghanistan depuis 2001.

Marine Le Pen explose les prix

Invitée de la matinale de France Inter, jeudi 19 avril, Marine Le Pen s’est exprimée sur la hausse des prix :

les 2 % d’inflation par an que nous subissons de manière ininterrompue.

La candidate du Front National gonfle les chiffres officiels en omettant que le taux d’inflation est fluctuant. En effet, l’indice des prix à la consommation – correspondant à ce que l’on appelle communément l’inflation – a augmenté de 2,1 % en moyenne en 2011 en France, contre 1,5 % en 2010, 0,1 % en 2009, 2,8 % en 2008 et 1,5 % en 2007, soit une moyenne de 1,6 % par an entre 2007 et 2011 comme le démontre l’Insee.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
Retrouvez toutes nos vérifications sur le Véritomètre et nos articles et chroniques relatifs sur OWNI
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Le Véritomètre du soir http://owni.fr/2012/03/06/le-veritometre-du-soir-marine-le-pen-francois-bayrou/ http://owni.fr/2012/03/06/le-veritometre-du-soir-marine-le-pen-francois-bayrou/#comments Tue, 06 Mar 2012 17:48:03 +0000 Equipe Véritomètre http://owni.fr/?p=100952 OWNI-i>TÉLÉ, alors que François Bayrou se rapproche de la lanterne rouge. Chaque soir, les data-journalists d'OWNI mesurent la crédibilité des candidats à la présidentielle et établissent leur classement grâce aux bases de données de l'application.]]>

Ce mardi 6 mars à 18 heures, l’indice de crédibilité du Véritomètre place Eva Joly en tête avec 70,5 % et Marine Le Pen à la dernière place avec 40,5 % de références chiffrées exactes, devancé d’une courte tête par François Bayrou qui dégringole à 43,5 %  (retrouvez l’ensemble du classement en bas de cet article). Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 31 citations quantitatives. Résumé des principaux éléments.

L’immigration du travail explosée par Marine Le Pen

L’immigration est une question qui taraude le Front national. Lors de son interview au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro du 4 mars dernier, la candidate frontiste évoque cette thématique à deux reprises.

l’immigration de travail a explosé sous Nicolas Sarkozy

Entre 2005 et 2010, plus 112% d’immigration de travail.

Les vérificateurs d’OWNI cherchent toujours un indice fiable pour savoir à partir de quand un taux explose. Quoi qu’il en soit, les chiffres évoqués par Marine Le Pen sont faux.

Sur la période 2005-2009, le nombre de titres de séjour délivrés pour motif économique – plus communément appelé “immigration du travail” - a augmenté de 59,4 % selon l’Insee, et de 61,7 % selon le ministère de l’Immigration.

Les chiffres bruts sont eux aussi révélateurs : l’immigration pour motif économique n’a concerné “que 19 575 personnes” en 2009 selon l’Insee. Un chiffre bien faible face aux 2 861 700 demandeurs d’emploi (catégorie A) recensés fin janvier 2012 par la Dares.

Bayrou adopte avec largesse

François Bayrou continue de porter sa défense de l’adoption homoparentale devant les médias. Mardi 6 mars à la Matinale de Canal+, il expliquait notamment qu’il s’agissait d’ores et déjà d’une réalité. Chiffres à l’appui :

Il y a des années, il y a des dizaines de milliers de célibataires (…) qui adoptent des enfants en France.

Sauf que : quelque soit le profil des adoptants (couples, familles, célibataires) le nombre d’adoptions internationales n’a jamais dépassé 4 080, depuis 1980. Même en y ajoutant les pupilles de l’État placées en vue d’adoption : 816 en 2008 selon les dernières données disponibles. Sachant de plus que les célibataires représentent entre 10 et 13% des adoptants selon l’Agence française de l’adoption (AFA), aucune chance d’arriver au chiffre évoqué par François Bayrou.

Une balance bien équilibrée

S’il est un chiffre que les candidats maîtrisent, c’est celui de la balance commerciale.

Que ce soit Marine Le Pen “[en 2002] on exportait beaucoup plus, on avait une balance [commerciale] excédentaire” ou François Bayrou “tous les ans et tous les mois, voilà que s’effondre notre balance commerciale”, leurs estimations sont justes : excédentaire en 2002 (0,61 milliards d’euros), la balance commerciale de la France a connu un solde déficitaire depuis dix ans, pour reprendre le phrasé mesuré de François Bayrou.

Eva Joly, plus ch’ti que Paris

Le Nord-Pas-de-Calais, ils sont en train d’isoler 100 000 logements.

expliquait Eva Joly sur RTL le 5 mars. Une citation correcte : dans le cadre de la lutte contre le changement climatique dans la région du Nord Pas de Calais, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) et le Conseil régional ont l’ambition de réhabiliter 100 000 logements en 4 ans.

Eva Joly est plus au fait du logement dans la région Nord que la région parisienne. Elle estimait sur Dimanche+ le 29 janvier dernier qu’il y avait “deux millions de logements vacants” dans cette région. Un chiffre exact, mais pour la France et non l’Ile-de-France.

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Retrouvez l’ensemble de nos vérifications sur Le Véritomètre OWNI-i>TELE

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Le Véritomètre de la présidentielle http://owni.fr/2012/02/16/veritometre-factchecking-presidentielle/ http://owni.fr/2012/02/16/veritometre-factchecking-presidentielle/#comments Thu, 16 Feb 2012 09:58:02 +0000 Nicolas Patte http://owni.fr/?p=98726 Le Véritomètre
Découvrez “Le Véritomètre“.

Le citoyen, qui est un être sensible, éduqué, un peu idéaliste et pas cynique pour un sou, connaît deux moyens sûrs pour arrêter son choix au moment d’élire celui ou celle qui le représentera au plus haut niveau de l’État.

Le premier, sans doute le plus sensé, est de déchiffrer avec attention le programme politique diffusé par l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle (soit une petite vingtaine aujourd’hui), et de confronter ces lectures avec son bon sens, son entendement, ses convictions et sa vision de la chose publique. Le deuxième moyen, moins subjectif – mais toutefois fort compatible avec le premier, c’est donc celui qui aura notre préférence – consiste à écouter chaque candidat(e) durant la campagne pour vérifier scrupuleusement la fiabilité des propos tenus lors de ses allocutions.

Confiance

La question de la confiance, pour le citoyen sensible, éduqué, etc., est évidemment cruciale dans son rapport au politique : on élit à la fonction suprême une personnalité qui ne ment ni ne triche car elle détient durant cinq ans la créance morale de plusieurs dizaines de millions de bonnes âmes résolues, à travers la fonction présidentielle, à réformer l’État, travailler honnêtement, vivre décemment, moraliser le capitalisme. Et toutes ces sortes de choses.

Évaluer la crédibilité des principaux candidats à l’élection présidentielle française est donc le pari de l’application web “Le Véritomètre 2012″. Imaginée, construite, peaufinée pour i>TÉLÉ par tous les métiers présents chez OWNI, avec : une chef de projet (Anne-Lise Bouyer), des développeurs (James Lafa, Tom Wersinger), des graphistes (Marion Boucharlat et Loguy) associés à des journalistes de données (Marie Coussin, Grégoire Normand, Pierre Leibovici, Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, votre serviteur) et à un meneur de jeu (Guillaume Dasquié). Onze joueurs focalisés sur l’objectif humble et ambitieux de faire rentrer la balle dans le but et de faire hurler la foule.

Au scalpel

Le “Véritomètre” est impitoyable et absolument impartial. Les grands rendez-vous médiatiques de François Bayrou, François Hollande, Eva Joly, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Sarkozy y ont été et y seront scrutés mot à mot, analysés au scalpel dans un grand exercice de vérification des faits (“fact checking“), en confrontant en permanence leurs verbes à la réalité des chiffres officiels. Chaque intervention a été et sera découpée quotidiennement en multiples citations qui, toutes, font l’objet d’un examen personnel et finalement d’une sanction : “correct”, “incorrect” ou “imprécis”. Avec neutralité.

Ainsi, c’est la somme de ces citations qui donne un indice final de crédibilité à chaque discours, entretien ou débat majeurs de la campagne. Et c’est l’ensemble de ces interventions qui attribuent un indice global moyen aux six candidats à l’élection présidentielle, encastrés pour cette occasion sur un classement qui déterminera précisément celui ou celle en qui tient la “ligne de crédit” – corde de la confiance à l’instant donné.

Et ce n’est pas tout. En sus de ce classement de crédibilité et du “fact checking” de l’ensemble des interventions des six principaux candidats à l’élection, nous avons décidé de rassembler au sein du “Véritomètre” les données majeures de la campagne réparties sur les grands thèmes qui la baliseront. Aujourd’hui, c’est plus de 130 graphiques contextualisés et sourcés répartis au sein de ces thématiques (économie et fiscalité, éducation, immigration, santé, sécurité) qui sont disponibles. Au gré des vérifications et du vent de la campagne, cette masse augmentera afin de constituer une véritable base de données de tableaux de bord de la vie politique du pays.

Le “Véritomètre” est un site web – qui fonctionne également sur les tablettes et les smartphones – mais c’est aussi un rendez-vous quotidien à l’antenne d’i>TÉLÉ tout au long de la campagne. Un partenariat vertueux entre la principale chaîne d’actualité continue et un média innovant amoureux du journalisme de données. Et deux acteurs portés par l’objectif de faire de cette élection politique, marquée par une crise internationale sans précédent et une volonté mondiale de renouvellement démocratique, un terrain de rencontre et un lieu d’éducation entre ces citoyens partagés entre l’envie d’avoir confiance et l’envie d’espérer un monde meilleur.

Et pas cynique pour un sou.

“La vraie politesse n’est que la confiance et l’espérance dans les hommes.” (H.D. Thoreau)


Illustrations et couverture par LOGUY pour OWNI /-)
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Les data en forme http://owni.fr/2012/02/14/les-data-en-forme-episode-20/ http://owni.fr/2012/02/14/les-data-en-forme-episode-20/#comments Tue, 14 Feb 2012 15:39:21 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=98487 Un peu plus de deux mois nous séparent du premier tour de l’élection présidentielle française, et quelques heures de la probable déclaration de candidature du président sortant. Sans parler de la sortie imminente du “Véritomètre” propulsé par i>TÉLÉ et OWNI, dont on vous causera en détail à une autre occasion.

Vérifier les faits

Nous démarrons notre tour d’horizon par le Promessomètre, résurgence assumée (et assez réussie) du fameux Truth-O-Meter [en], référence absolue en matière de vérification de la parole politique sur le web. Auto-financé, d’une neutralité auto-proclamée et propulsé par cinq “simples citoyens” (et “pas des journalistes”), l’outil est structuré autour des six (présumés) (principaux) candidats. Pour chacun d’eux, la volonté de compulser de manière exhaustive l’ensemble de leurs “promesses électorales” et surtout un joli travail – quoique balbutiant à l’heure où nous rédigeons cette chronique – de “vérification d’affirmations”. Le tout réglé par un mécanisme très simple : on attrape une citation d’un candidat, on la source, on la vérifie, on justifie l’estimation qualitative attribuée à la citation en pointant vers la source ayant permis d’étayer cette estimation.

En agrémentant le site de petites fonctionnalités amusantes comme “Ils s’aiment” (les candidats qui sont d’accord sur certains sujets de la campagne) ou “casseroles” (basées sur d’anciennes promesses pas du tout tenues), les “simples citoyens” réalisent là un véritable et bel objet de présidentielle – qui devrait, lui, respecter ses promesses d’ici le 22 avril.

Autre exercice de “fact checking” réussi, dans une dimension beaucoup plus professionnelle, est la rubrique dédiée à la vérification des faits sur Vigie 2012. Cette initiative, dont l’un des artisans est également le patron du site d’actualités européennes EurActiv.fr, n’est pas des plus récentes et ne nécessite pas forcément qu’on en fasse la promotion ici.

En revanche, la rubrique “Vrai ou Faux“, qui veut analyser “la véracité des propos de chaque candidat” et qui est donc appellée à monter en puissance durant les prochaines semaines, attire notre attention pour la simplicité et l’efficacité du traitement réservée ici au discours politique. Grâce à une cinquantaine de “veilleurs et experts”, cette vigie participe à sa manière – pertinente et élégante – au grand oeuvre de scrutation de la parole politique au cours de la campagne. Reste un petit écueil, sans doute : on ne comprend pas trop où se situe le curseur dans l’exhaustivité du traitement des propos “de chaque candidat”. Un détail au coeur de ce concept bien huilé.

Comparer les programmes

Qui propose quoi” est une application sérieuse et ludique développée pour Libération – dont chacun connait l’excellent blog Désintox, dinosaure des vérificateurs de faits. La web-app, alimentée quotidiennement de parcelles discursives, permet à l’internaute de jauger sa connaissance des citations des candidats – et surtout de certains extraits de leur programme politique – et de situer sa culture politique au moyen de ce Trivial Pursuit politique. Le mécanisme du bousin est assez simpliste mais ça fonctionne. Et cerise sur le gâteau, on peut y gagner une année entière d’abonnement au journal numérique – dès lors qu’on le vaut bien. Une libération qui en vaut une autre.

Quand on parle d’efficacité et de sobriété, France Inter rentre dans la course avec “Les propositions à la loupe“. Au menu de cette petite infographie interactive du lundi, la rédaction met à l’essai “les propositions des candidats à l’élection présidentielle” en mélangeant des extraits sonores de candidats et d’experts et des données sous la forme de visualisations pédagogiques sur les thèmes de campagne – cette semaine, le temps de travail, l’éducation, la fiscalité et le logement.

Hors média, célébrons également l’arrivée remarquée parce que remarquable du site Voxe.org. Pas moins de 13 têtes pensantes pour cette plate-forme bien goupillée, permettant dans un environnement d’une extrême sobriété de comparer les programmes de deux candidats de son choix sur des thématiques précises. Philosophiquement, la démarche est très similaire au Promessomètre : “citoyenne et totalement neutre”. Les sources sont celles mises à disposition par les candidats eux-mêmes, non modifiées. Sur le modèle, on navigue ici dans un espace mieux structuré : API disponible, applications iOS et Android, financement possible grâce à Kiss Kiss Bank Bank. Et le petit détail qui rend possible une gloire méritée : le crowdsourcing, puisque chaque internaute est appelé à contribuer à l’enrichissement de la base de données. Un très beau projet, pour de vrai.

Comparer les sondages

Un bien bel objet “data” également présent cette semaine dans la veille, pondu par le Nouvel Obs : “Le comparateur des sondages“. Sans être une performance artistique ni un monstre d’originalité, cette application recueille, exploite et affiche de manière exhaustive l’ensemble des sondages disponibles durant la présidentielle et offre la possibilité sommaire mais indispensable de manipuler les candidats afin de se créer sa visualisation personnalisée. On lira au passage, également, le petit kit de survie citoyenne face aux sondages permettant de digérer autant de chiffres dissemblables, affirmant tous, pourtant, refléter l’opinion avec précision. Croire ou ne pas croire, là n’est pas la question : c’est un objet techniquement bien ficelé.

Tweet à mort, Twitamore

Et nous ne refermerons pas cette chronique hebdomadaire sans faire référence aux amoureux qui se la roucouleront douce ce soir.

Primo, ne manquez pas l’indispensable compagnon du jour pour faire le joli coeur – et un(e) nouvel(le) ami(e) sur Twitter : Twitamore [en]. C’est absolument stupide, et absolument indispensable un 14 février.

Secundo mes chéri(e)s, si vous manquez d’espoir dans l’humanité aujourd’hui, voyez ces deux-là : un buffet bien achalandé de précieux verres à cognac de toutes les formes (il faut être un peu collectionneur), une passion pour le ballet russe, une dose infinie de talent, d’humour et de poésie. Regardez bien : l’amour se cache, là, oui, voilà. Bonne nuit.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Sarkozy trébuche en allemand http://owni.fr/2012/01/30/sarkozy-tva-allemagne-presidentiell/ http://owni.fr/2012/01/30/sarkozy-tva-allemagne-presidentiell/#comments Mon, 30 Jan 2012 01:28:49 +0000 Marie Coussin, Sylvain Lapoix et Pierre Leibovici http://owni.fr/?p=96361

L’Allemagne prise pour exemple par Nicolas Sarkozy lors de son interview d’hier n’existe pas vraiment. Si quelques uns des chiffres cités par le chef de l’État pour vanter le miracle allemand s’avèrent exacts, la plupart des références utilisées sur les volets sociaux et économiques de sa démonstration sont erronées ou dissimulent une autre réalité que celle présentée par le Président. Notamment pour convaincre sur l’augmentation de la TVA, une initiative inspirée par Berlin.

La défense des emplois industriels, au premier rang des priorités économiques annoncées par Nicolas Sarkozy, s’appuie grandement – à l’entendre – sur les enseignements fournis par l’économie d’outre-Rhin. Selon lui, l’Allemagne est :

Le seul pays d’Europe qui, non seulement a gardé ses emplois industriels mais les a développés.

Baisse continue

Centralisé par l’agence statistique européenne Eurostat, l’indice de la main d’oeuvre dans l’industrie (hors construction, assainissement, gestion des déchets et dépollution) montre au contraire une Allemagne qui se désindustrialise presque aussi vite que la France. Entre 2002 et 2010, à l’exception des années 2007 et 2008, la baisse est continue et même plus forte en Allemagne en 2009 (-2,8%) et en 2010 (-2,4%).

Une tendance partagée par l’ensemble des pays européens, même ceux ayant connu une embellie d’avant-crise, comme la Pologne. Dans son entretien, Nicolas Sarkozy déclare en outre que, malgré la hausse de trois points de la TVA :

Les Allemands n’ont eu aucune augmentation des prix. Le risque d’inflation n’existe pas.

Les données européennes montrent sur ce point des tendances contraires. Base des comparaisons entre pays, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmente continuellement sur les cinq dernières années : avec pour base 100 l’année 2005, il passe ainsi en 2008 à 107 points pour atteindre 111 en 2011, soit 3,7% d’augmentation depuis le début de la crise.

Sur certains volets, cependant, le Président de la République pointe de justes références. Avec 450 000 jeunes en apprentissage en France et 1,6 million outre-Rhin, l’avance allemande dans ce type de formation est incontestable. En revanche, si le taux qu’il évoque de “moins de 8% de chômage” est juste, il couvre des réalités sociales bien moins enviables, notamment celle du sous emploi.

Depuis 2003, Berlin a en effet mis en place une série de dispositifs de retour à l’emploi par des temps partiels exonérés de charge, les “mini jobs” (loi Hartz I à IV), qui complètent un autre emploi ou petit boulot. Au départ limités à 15 heures par semaine, ces boulots ciblant principalement les jeunes sont plafonnés à 400 euros par mois, avec 25 % de charges salariales forfaitaires mais sans couverture sociale. Malgré la création d’emploi de transition (les “midi jobs” de 400 à 800 euros avec une couverture sociale), les “mini jobs” ont explosé et concerneraient, selon le rapport sur les performances de politiques sociales en Europe des députés Michel Heinrich et Régis Juanico, un travailleur sur quatre.

Le nombre important et croissant de “mini jobbers” conduit à nuancer les chiffres du chômage. Plusieurs études et syndicats soulignent qu’une part significative des “mini jobbers” (surtout les femmes, majoritairement concernées par ces dispositifs) souhaiterait travailler davantage. Or, le mini-job a échoué dans son objectif de permettre une transition vers un midi-job ou un emploi régulier à plein temps. Au contraire, il conduirait à une précarisation croissante de l’emploi, de même qu’à une paupérisation des bénéficiaires dans la mesure où une rémunération de 400 euros est en deçà du salaire de subsistance.

Bien que décriés par les syndicats (et remis en cause par Angela Merkel elle-même lors du congrès du Parti chrétien démorate le 14 novembre 2011), les “mini-jobs” garantissent depuis cinq ans à l’Allemagne un taux de chômage plutôt bas.

Sauf la France

Mais l’Allemagne n’aurait pas eu l’air si bon élève si le Président de la République n’avait pas si lourdement décrit la France en cancre, notamment sur les questions de logement :

Dans tous les pays du monde, quand ils sont en crise, le prix de l’immobilier baisse. Sauf un : la France, où il continue à monter.

Pas besoin de passer en revue le monde entier pour voir que cette exagération dans le propos ne se retrouve pas dans les chiffres. Au niveau européen, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique, le Luxembourg et la Finlande ont vu leur indice des prix de l’immobilier augmenter du lendemain de la chute de Lehmann Brothers (quatrième trimestre 2008) au troisième trimestre 2011. En Suède, il est même passé de 125,4 (avec 2005 pour base 100) à 142,5 sur la même période, avec seulement un léger fléchissement fin 2010.

Quand il ne s’essaie pas aux comparaisons, les chiffres du chef de l’Etat sont heureusement justes : aucune erreur sur l’ampleur de la dette (“presque 1700 milliards”) ou la destination des exportations (60 % vers l’Union européenne, troisième fournisseur de l’Allemagne et premier client). Mais bien qu’il ait martelé la suppression de 160 000 emplois publics comme un accomplissement de son quinquennat, Nicolas Sarkozy grossit encore la note à vouloir faire de la France l’Etat le plus dépensier :

Nous sommes le pays d’Europe qui a les dépenses publiques les plus lourdes

Si la France est dans le peloton de tête avec 56,6 % de son PIB en dépenses des administrations publiques, elle est dépassée par deux autres Etats membres : d’une courte tête par le Danemark (58,2 % en 2010) et de dix gros points par l’Irlande (66,8 % pour la même année). Si Dublin a connu un accroissement très sensible de ses dépenses depuis 2009, le Danemark battait déjà la France pour la part de PIB dans le budget de l’Etat l’année précédente.


Ilustrations et photos par Stefan (CC-BYSA) remixée par Ophelia Noor pour Owni.fr
Vérifications réalisées par Sylvain Lapoix, Pierre Leibovici et Marie Coussin. Sources Les dépenses publiques ; L’emploi industriel en Allemagne ; Les prix à la consommation ; Prix du logement (pdf)

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Les rencontres cachées d’Hervé Morin http://owni.fr/2011/11/28/herve-morin-al-maktoum-france-inter/ http://owni.fr/2011/11/28/herve-morin-al-maktoum-france-inter/#comments Mon, 28 Nov 2011 16:35:53 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=88538 Lundi matin sur France Inter, le candidat fraîchement déclaré du Nouveau Centre, Hervé Morin, a assuré n’avoir rencontré l’émir de Dubaï, le cheikh Mohammed ben Rached Al Maktoum, qu’à une seule reprise lors d’un salon aérien, le Dubai Air Show. Une information que contredisent plusieurs vidéos et photographies prises lors de la visite du cheikh à l’Elysée en 2008, et exhumées par OWNI.

Dans une vidéo présentée sur le site de l’émir de Dubaï, Hervé Morin, alors ministre de la Défense, apparaît distinctement au deuxième plan, derrière Nicolas Sarkozy saluant le cheikh Al Maktoum sur le perron de l’Elysée. Contacté par OWNI, le service de presse du Nouveau Centre nous a dit refuser de réagir au sujet de “ce qu’il s’est passé ce matin sur France Inter”.

Hervé Morin au deuxième plan (vidéo présentée sur le site du Cheikh Al Maktoum)

Dans la matinale, Hervé Morin s’est vivement emporté contre le journaliste Patrick Cohen qui l’interrogeait :

Vous ne connaissez pas le sujet, vous dites n’importe quoi (…) Je n’ai jamais rencontré l’émir de Dubaï, point ! Je lui ai serré la main une fois et vous confondez avec cheikh Mohammed le prince héritier d’Abu Dhabi.

A propos de la rencontre à Paris en mai 2008 dont nous publions la vidéo, Hervé Morin réfute : “C’est faux, c’est faux” répète-t-il. Le collectif Humour de droite a quant à lui publié une série de photos montrant Hervé Morin arriver à l’Elysée le jour de la visite du cheikh selon leurs informations.

34% de “plusieurs millions d’euros”

Patrick Cohen évoquait la vente d’un cheval, Literato, à l’émir de Dubaï en 2007. Hervé Morin refusait de dévoiler le montant de la vente de son cheval : “Un montant de plusieurs millions d’euros dont j’avais 34 %…” Selon Le Monde, les transactions avaient lieu à l’automne 2007. Au moment même, la France négociait avec les Emirats Arabes Unis l’ouverture d’une base militaire à Abu Dhabi.

Plusieurs photos attestent d’une autre rencontre avec le même cheikh. Au micro de France Inter, il reconnait n’avoir vu le cheikh qu’une seule fois au Dubai Airshow. Le ministère de la défense confirme la présence du Prince lors de ces manifestations annuelles. Comme le raconte Hervé Morin, la rencontre avec le Prince à cette occasion fait partie du protocole. “Il fait le tour des stands avant une pause déjeuner, puis la présentation commence” nous explique-t-on au cabinet du ministre de la défense.

Cheikh Mohammed ben Rached Al Maktoum est présenté par le candidat à la présidentielle du Nouveau Centre comme “le plus grand propriétaire de chevaux au monde, qui achète des centaines de millions d’euros de chevaux chaque année”. Il possède l’écurie Godolphin qui compte plus de 380 chevaux.


Crédits Photo CC [by] Harald Dettenborg

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Les mauvais comptes libyens de François Fillon http://owni.fr/2011/08/08/libye-armement-defense-les-mauvais-comptes-de-francois-fillon/ http://owni.fr/2011/08/08/libye-armement-defense-les-mauvais-comptes-de-francois-fillon/#comments Mon, 08 Aug 2011 06:24:24 +0000 Pierre Alonso http://owni.fr/?p=75217

La France n’a jamais eu une coopération d’ampleur avec la Libye en matière de défense et d’armement, par comparaison à d’autres fournisseurs plus importants.

Le Premier ministre l’a affirmé le 26 juillet en réponse à une question écrite du député du Nord Jean-Jacques Candelier. Sur quels chiffres s’appuie-t-il ? Contacté par OWNI, Matignon botte en touche : “Ça concerne le MAE (ministère des Affaires étrangères) et le ministère de la Défense”. Ce dernier suggère les chiffres de livraison car “ils sont plus concrets” et renvoie à son tour vers la Direction Générale de l’Armement, incapable de répondre avec certitude : “Il s’agit de petites sommes.”

Avec 72 millions de matériel militaire livré à la Libye entre 2007 et 2009, la France est sur la troisième marche du podium européen, après Malte (80 millions) et l’Italie (74,5 millions). Un gouffre sépare le trio de tête des suivants ; le montant des livraisons du quatrième exportateur européen, le Portugal, ne s’élèvant qu’à 11 millions d’euros.

François Fillon se référait-il aux montants des licences autorisant l’exportation de matériel militaire (AEMG) ? Entre 2005, soit trois mois après la levée de l’embargo sur les ventes d’armes à la Libye, et 2009, Paris a délivré de telles licences pour un montant de 210 millions d’euros. La France se classe ainsi deuxième exportateur européen derrière l’Italie (277 millions), loin devant la Grande-Bretagne, troisième exportateur pour un montant de 119 millions d’euros.

Qu’en est-il des prises de commande ? C’est sur ce chiffre que le ministre de la Défense s’était appuyé pour présenter “les performances françaises en matière d’exportations d’armement” en réponse à une question écrite du député de Meurthe-et-Moselle Hervé Féron. Contrairement aux AEMG et aux livraisons, le journal officiel de l’Union européenne ne publie pas le montant des prises de commande pour tous les États membres.

Selon le rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France, publié tous les ans par le ministère de la Défense, les prises de commande libyenne d’armement français se chiffrent à 316 millions d’euros entre 2007 et 2009, dont 296 millions passées en 2007, année de libération des infirmières bulgares et de la visite de Kadhafi à Paris. C’est ainsi que la France, deuxième ou troisième exportateur européen d’armes à la Libye, “ne peut pas être considérée comme un fournisseur important d’armement de la Libye”

La licence inconnue

La procédure d’exportation de matériel militaire se décompose en quatre étapes en France. Un agrément préalable (AP) est délivré avant la prise de commande (CD). Une commission interministérielle autorise ou non l’exportation en attribuant une AEMG, équivalent d’une “autorisation de sortie” nous explique-t-on à la DGA, puis intervient la livraison du matériel (LV). Soit, en résumé : AP > CD > AEMG > LV.

Chose étonnante, deux AEMG ont été délivrées en 2005 pour un montant de 12,875 millions d’euros ainsi que 17 AEMG en 2006 pour un montant de 36,647 millions d’euros. Aucune prise de commande n’est mentionnée ces années-là. À OWNI, la DGA explique qu’il s’agit “d’AETMG, de licences temporaires, qui concernent l’envoi de matériel pour des démonstrations”. 17 AETMG ont ainsi été délivrées en 2005 et 1 AETMG en 2005. Reste donc une licence en 2005. Pour la DGA, elle est liée à “des contrats passés dans les années 1980″, sans donner plus de précision.


Crédits photo FlickR CC by-nc-sa Dunachaser

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